Dérapages multidimensionnels du régime CNDD-FDD : L'Église catholique hausse le ton et dénonce sans vergogne

Dans leur élan d'indignation, les prélats se sont également exprimés sur la pauvreté structurelle et chronique qui mine les Burundais dans leur grande majorité. « Force est de constater que l'économie du pays peine à se relever », déplorent-ils en faisant allusion à la flambée des prix sur le marché, la dépréciation progressive de la monnaie burundaise, la rareté du carburant et des autres produits de première nécessité, le chômage, etc.

Par
Burundi Daily
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15.4.2024
Categorie:
Politique

Pour la première fois depuis que le très catholique général Evariste Ndayishimiye tient la manette du pays, l'église catholique du Burundi vient de sortir de ses gonds pour dénoncer ouvertement l'instauration d'un quasi-régime de parti unique, la poursuite des exécutions extrajudiciaires, une justice aux ordres la paupérisation de la population et bien d'autres dérapages du système CNDD-FDD.

Dans un discours épais lu dans toutes les églises du pays ce dimanche 14 avril 2024, les évêques catholiques du Burundi ont en effet lancé un vibrant plaidoyer pour le peuple burundais.

Ils avouent craindre que le pays ne bascule dans les atrocités du passé suite à l'aveuglément de ses gestionnaires, estampillés CNDD-FDD.

« De par le passé de notre pays, nous savons combien le Burundi, de manière récurrente, a sombré dans la violence suite à l'exclusion et à la recherche exacerbée du pouvoir. Même aujourd'hui, cela demeure pour nous une préoccupation vu qu'il existe des signes de ceux qui voudraient nous faire revivre le système politique révolu du monopartisme », ont-ils déclaré en chœur à travers leur déclaration commune intitulée : « INSTRUCTION DES EVÊQUES CATHOLIQUES DU BURUNDI POUR LE 3ème DIMANCHE DE PAQUES ».

Selon ce document signé le 21 mars 2024, rendu public ce dimanche 14 avril et lu dans toutes les messes et églises catholiques, les Evêques estiment que le Burundi a besoin d'un régime capable de renforcer toutes les formations politiques y compris celles qui sont en opposition.

« Cela afin de permettre à tous les citoyens d'exprimer leurs idées par les médias de l'Etat, l'organisation et la tenue de meetings en respect de la loi, sans aucune entrave. ».

D'après cette première force morale du pays, il faut tout faire pour garantir les libertés individuelles pour pouvoir s'atteler au développement individuel et communautaire.  « Ainsi, il sera possible de mieux nous préparer à des échéances électorales prochaines, inclusives, libres et transparentes. De telles élections recevraient alors, sans réserve, l'aval de tous. ».

Ils affirment en outre que dans le contexte actuel, « des discours et des décisions prises, mais sans lendemain décrédibilisent les institutions étatiques, surtout lorsque les décideurs ne rendent pas compte de l'état d'avancement et des réalisations en rapport avec leurs responsabilités ».

« Puisque le gouvernement se présente comme « Reta mvyeyi », comment pourrait-il correspondre à cette identité s'il ne développe pas une gestion inclusive, garantissant et promouvant le Bien commun ? »

Dans le domaine de la justice, c'est aussi le chaos et la désolation, selon eux. Et ce malgré les incessants discours alléchant des autorités.

« Les leaders de notre pays, à commencer par le Chef de l'Etat, ne cessent de rappeler sans cesse et de fustiger les conséquences de la culture de l'impunité. Au fur et à mesure que l'impunité s'établit dans la société, le peuple perd la confiance dans les institutions judiciaires et risque ainsi de se décourager, de se faire justice et de commettre des crimes. »

Comme pour illustrer leur vive préoccupation, il évoquent le cas d'agents de la justice qui expriment des préoccupations pour leur sécurité à cause du harcèlement de la part de certains cadres les contraignant à enfreindre le droit au lieu de défendre la vérité et la justice.

« La question de la justice concerne également les modalités d'embauche au niveau de l'Etat. Des plaintes nous parviennent de diverses personnes que l'accès aux postes de travail ne tient pas compte des connaissances, ni du savoir-faire ni des compétences professionnelles, mais qu'il est conditionné par le seul critère de militantisme dans le parti au pouvoir et/ou la capacité de verser des pots-de-vin », déplorent-ils, tout en soulignant que cette pratique véreuse entraine l'incompétence et le manque de productivité, la rémunération des fainéants et des pilleurs de l'Etat rendant ainsi endémique la pratique de la corruption.


«  Il convient que les leaders ainsi que le personnel de l'appareil de justice, à tous les niveaux, travaillent d'arrache-pied afin que tout citoyen burundais et tout résident se sentent en sécurité ; que celui qui est lésé soit rétabli dans ses droits et vive en paix parmi les siens et ses biens. »

''Comme nous l'avons dit, toute impunité face au mal commis, cause angoisse et rancœurs dans les cœurs entraînant ainsi le désordre et la guerre''.

Dans leur élan d'indignation, les prélats se sont également exprimés sur la pauvreté structurelle et chronique qui mine les Burundais dans leur grande majorité.

« Force est de constater que l'économie du pays peine à se relever », déplorent-ils en faisant allusion à la flambée des prix sur le marché, la dépréciation progressive de la monnaie burundaise, la rareté du carburant et des autres produits de première nécessité, le chômage, etc.

Pour eux, ces éléments constituent des raisons qui condamnent la plupart à croupir dans une pauvreté qui ne cesse de s'aggraver.

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