Le Maréchal Idriss Deby Itno : Tombé sur le champ de batailles ou un assassinat mal dissimulé ?

Selon le porte-parole de l’armée, Idriss Déby, le maréchal du Tchad «a connu son dernier souffle en défendant l’intégrité territoriale sur le champ de bataille». Mais dans les milieux de la sécurocratie tchadienne, on évoque en privé une version différente. On parle d'une "fusillade" qui aurait éclaté lors d'une réunion de l'Etat Major des armées tchadiennes, organisé entre le 18 et le 19 avril, loin de la zone de combat, et à laquelle participait le président tchadien avec plusieurs de ses généraux.

Par
Burundi Daily
on
21.4.2021
Categorie:
La Region

C’est sur la télévision nationale tchadienne que l’annonce se fait. «Le Maréchal de Tchad a pris don dernier souffle en défendant son pays». L'annonce se veut claire, sauf que, ce communiqué de décès lu en l'absence des trois des plus hauts gradés des Forces armées tchadiennes (FAT), par le porte-parole de l'armée tchadienne, le général Azem Bermandoa Agouna soulève plusieurs de questions. Officiellement, Idris Deby a été touché par balle lors d'un déplacement sur le théâtre des combats contre les rebelles du FACT. Cependant, les circonstances exactes de sa mort ainsi que l’absence des trois des plus hauts gradés des Forces armées tchadiennes (FAT) lors de l’annonce de sa mort, alimentent de nombreux soupçons.

L’annonce de la mort d’Idriss Déby ce matin du 20 avril sur l’antenne de la télévision tchadienne est décrite par un bon nombre d’observateur comme une scène surréaliste. Le porte-parole de l’armée tchadienne, le général Azem Bermandoa Agouna qui a lu le communiqué de décès était entouré par le bureau de l’état-majeur de l’armée tchadienne. Cependant, l’absence des trois des plus hauts gradés des Forces armées tchadiennes (FAT) lors de cette annonce a alimenté la peur et paranoïa dans N'Djamena.

Les trois généraux qui manquaient à l'appel sont le chef d'état-major général des armées tchadiennes, Abakar Abdelkerim Daoud, le chef du renseignement militaire, le général Taher Erda et le général Mahamat Souleymane Ali, le patron de l'armée de terre.

Bien que deux généraux des qui manquaient à l'appel se trouvent dans l'organigramme du Conseil militaire de la transition (CMT) créé le 20 avril, et dirigé par le général Mahamat Idriss Déby (fils du président décédé) connu sous le sobriquet de «Kaka», la paranoïa qui se fait sentir dans tout le Tchad continue de croitre.

Confusion qui alimente une paranoïa générale

En plus du décès inopiné du Président Maréchal dans des circonstances qui ne sont pas du tout claires, le sort de plusieurs membres de l'état-major général des armées tchadiennes reste inconnu.

Toutes ces incertitudes remettent en question la version officielle des faits. Selon le porte-parole de l’armée, Idriss Déby, le maréchal du Tchad «a connu son dernier souffle en défendant l’intégrité territoriale sur le champ de bataille». Mais dans les milieux de la sécurocratie tchadienne, on évoque en privé une version différente. On parle d'une "fusillade" qui aurait éclaté lors d'une réunion de l'Etat Major des armées tchadiennes, organisé entre le 18 et le 19 avril, loin de la zone de combat, et à laquelle participait le président tchadien avec plusieurs de ses généraux.

Lors de cette réunion du haut de la crème de l’armée tchadienne, un désaccord passionné aurait besoin d’une fusillade. Le Président Idriss Deby aurait été touché à la hanche et serait décédé quelques heures plus tard. Au moins quatre officiers et garde du corps du président tchadien serait également mort lors de cette fusillade.

Bien que les rebelles du FACT semblent affirmer «avoir touché le chef de l'Etat tchadien d'un tir mortel à la tête», le 20 avril, plusieurs observateurs y voient une tactique de communication qui viserait à exploiter la mort d'Idriss Déby pour créer une peur panique au sein de l'armée.

Dans la soirée du 20 avril, le Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR), une branche de rébellion née en 2016 d'une scission au sein du FACT et présidée par Rachid Mahamat Tahir Saleh, a annoncé son ralliement aux rebelles. En février 2019, le CCMSR avait lancé une attaque armée depuis la Libye contre Idriss Déby, et avait été stoppée nette par une intervention aérienne de l’armée française. Ces deux rébellions semblent vouloir désormais mener une offensive conjointe sur les positions militaires tchadiennes.

Il n’est donc pas surprenant que dans ce contexte la situation reste très incertaine dans le pays et que le spectre de nouveaux affrontements soit une vraie menace à redouter. Ainsi, les nouvelles autorités militaires ont annoncé la fermeture des frontières et la mise en place d'un couvre-feu.

Les obsèques du président tchadien devraient se dérouler du 22 au 23 avril. Une grande cérémonie est programmée le 23 avril à la Grande mosquée de N'Djamena avant que la dépouille d'Idriss Déby ne rejoigne son fief d'Amdjarass, où il sera inhumé au cimetière de la petite ville de la région de l'Ennedi Est .

Tags: