Un général chasse un autre à la primature : Approbation de Gervais Ndirakobuca en remplacement de Bunyoni, le putschiste velléitaire

La destitution du général Alain Guillaume Bunyoni intervient quelques jours après que le chef de l'Etat ait déclaré, sans nommer personne, que certains de ses proches planifiaient un putsch contre lui en raison de son combat acharné contre la corruption au sommet de l'Etat. Selon des sources, Bunyoni a failli renverser par coup d'Etat le général Ndayishimiye le 2 septembre dernier. Pour barrer toutes les routes à un éventuel coup d'Etat, le nouveau Premier Ministre, s'est assuré de nommer ses fidèles dans toutes les provinces et dans toutes les branches de police

Par
Burundi Daily
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7.9.2022
Categorie:
Politique

Les Burundais vivent la fin de l'ère Bunyoni, l'alter ego du président qui, pour illustrer sa toute puissance s'était fait appelé Mutama II, sous-entendant un autre Pierre Nkurunziza.

Le président burundais a donc décidé de franchir le Rubicon. Fini le temps des pleurs et des lamentations.

Tel Pierre Nkurunziza se séparant spectaculairement de l'honorable Hussein Radjabu en 2007, Evariste Ndayishimiye tourne le dos à son premier ministre, Alain Guillaume Bunyoni qui, ne manquant plus de rien,  rêvait les yeux ouverts du fauteuil présidentiel. Un putsch annoncé.

Voilà qui a poussé le général Evariste Ndayishimiye à convoquer une session extraordinaire de l'Assemblée nationale pour élire un autre général au poste de premier ministre.

Il a jeté son dévolu à son super ministre de l'Intérieur, sécurité publique et développement communautaire, Gervais Ndakugarika.

Convoquée in extremis et de nuit pour ce mercredi, l'Assemblée Nationale du Burundi a donc confirmé sans surprise la nomination du général Gervais Ndirakobuca au poste de Premier ministre en remplacement du général Alain Guillaume Bunyoni.

Le nouveau Premier ministre, le General de Police Gervais Ndirakobuca

Sa candidature a été approuvée à l'unanimité par 113 parlementaires par vote à main levée.

Le nouveau Premier ministre était l'unique candidat proposé à l'approbation des parlementaires burundais, par le chef de l'Etat, Evariste Ndayishimiye, qui a convoqué en urgence la réunion au palais des congrès de Kigobe, à Bujumbura. Et visiblement les consignes étaient clairs, il n'y avait pas le droit à l'erreur, la nomination devait être approuvée, donc passer comme une lettre à la poste. Pour les parlementaires qui se posaient des questions sur les motivations du changement, la réponse était également claire : Pas de questions, pas de si et pas de mais, la nomination devait passer !

Gervais Ndirakobuca prend ainsi la place du général Alain Guillaume Bunyoni qui occupait ce poste depuis 2020.

La destitution du général Alain Guillaume Bunyoni intervient quelques jours après que le chef de l'Etat ait déclaré, sans nommer personne, que certains de ses proches planifiaient un putsch contre lui en raison de son combat acharné contre la corruption au sommet de l'Etat. Selon des sources, Bunyoni a failli renverser par coup d'Etat le général Ndayishimiye le 2 septembre dernier.

Pour barrer toutes les routes à un éventuel coup d'Etat, le nouveau Premier Ministre, avant de quitter son ancien poste de ministre chargé de la sécurité intérieure, s'est assuré de nommer dans toutes les provinces et dans toutes les branches de police, des hommes et des femmes qui lui sont fidèles. Il a même fait en sorte que les magasins d'armement de la police nationale aient de nouveaux responsables.

Ces nominations sont vues comme un moyen d'empêcher au général Bunyoni d'orchestrer un coup d'État par l'intermédiaire de ses fidèles officiers de la police . Il est dit qu'il garde des liens et une influence solides au sein de la police nationale qu'il a dirigée pendant des années.

Gervais Ndirakobuca passe ainsi du statut de super ministre à celui de premier ministre. Par cette nomination, le Président garde des sécurocrates au sommet de l'Etat, préférant des militaires aux postes clés au lieu de civils et technocrates.

Cet ancien rebelle a le vent en poupe depuis son retour du maquis. Selon son CV présenté mercredi devant les députés avant le vote, Gervais Ndirakobuca a été notamment chef de cabinet de l'administration présidentielle chargé de la police nationale, Directeur général du Service national de renseignements (SNR) avant sa nomination comme ministre de l'Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique.

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