Vers la mort des Accords d'Arusha pour la paix aux Burundi?: Le président du Sénat promet de rayer les dispositions constitutionnelles relatives aux quotas ethniques dans les institutions du pays

Selon le président du sénat, il est temps de revisiter la constitution pour « changer les choses et les représentants du peuple le feront savoir à la population et au président de la République ».Quel que soit le niveau, la nomination à des postes de responsabilité va se faire sur base du mérite et non de l'ethnie. « Il est grand temps que les gens soient nommés aux différentes fonctions grâce à leurs compétences et non à leur ethnie », a martelé le président du sénat.

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Burundi Daily
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12.2.2023
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Politique

Le régime CNDD-FDD s'apprête à reléguer aux oubliettes de l'histoire les équilibres ethniques prévus par l'Accord d'Arusha pour la paix et la réconciliation des Burundais et la Constitution du 7 juin 2018.

Le président du sénat, Emmanuel Sinzohagera a profité de la célébration du 32ème anniversaire de la charte de l'unité nationale des Burundais pour casser l'omerta.  

Ces quotas sont, théoriquement, impératifs dans les institutions et  au sein de l'administration publique.

Selon le président du sénat, il est temps de revisiter la constitution pour « changer les choses et les représentants du peuple le feront savoir à la population et au président de la République ».

Quel que soit le niveau, la nomination à des postes de responsabilité va se faire sur base du mérite et non de l'ethnie. « Il est grand temps que les gens soient nommés aux différentes fonctions grâce à leurs compétences et non à leur ethnie », a martelé le président du sénat.

Cette grosse pointure du parti au pouvoir n'aura fait que relayer une idée déjà très largement partagée au sein du parti. Car depuis qu'il est au pouvoir, le CNDD-FDD ne fait aucun cas des dispositions fondamentales de l'Accord d'Arusha pour la paix et la réconciliation relative à l'impératif des équilibres ethniques.

Par ailleurs, Emmanuel Sinzohagera, président du sénat, passe volontairement outre la mission constitutionnelle de l'institution qu'il dirige en ce qui concerne le respect des équilibres ethniques et de genre.

Il est à rappeler qu'en effet, en son article 192, la constitution de juin 2018 place, parmi les missions du sénat, le devoir de « mener des enquêtes dans l'administration publique et, le cas échéant, faire des recommandations pour s'assurer qu'aucune région, ou aucun groupe n'est exclu du bénéfice des services publics » et de « contrôler l'application de dispositions constitutionnelles exigeant la représentativité ethnique et de genre et l'équilibre dans toutes les structures et les institutions de l'Etat, notamment l'administration publique et les corps de défense et de sécurité.

S'il est évident qu'aujourd'hui, les hutus occupent la quasi-totalité des postes dans les institutions, l'administration, l'armée ou la police, faire sauter le verrou légal constitue, pour la minorité tutsie, une sorte de levée de boucliers qui légitimerait l'exclusion.

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