Paradoxe burundais : Le Président s'attelle à réparer les injustices, sa police à faire disparaître des innocents

C'est à se demander si, réellement, le chef de l'Etat qui tient la manette est réellement informé sur ce clair-obscur dont il est, in fine, l'ultime artisan.Car si le nouveau président burundais a été largement applaudi lorsqu'il a déclaré la guerre aux corrompus et aux autres mandataires publics ou responsables administratifs attachés à leur ventre, il est aussi honni pour son incapacité à mettre fins aux disparitions forcées qui, selon des militants des droits humains, vont crescendo depuis trois mois.

Par
Burundi Daily
on
15.9.2021
Categorie:
Justice

Une vice-présidence du sénat éjectée du prétoire pour non-respect du prix officiel du sucre dont elle fait aussi le commerce au gros, des conseillers mise à pieds des conseillers retardataires à la présidence, enlèvements et disparitions forcées de paisibles citoyens...le Burundi excelle sur le terrain du paradoxe où des nouvelles aussi contradictoires les unes que les autres se télescopent.

C'est à se demander si, réellement, le chef de l'Etat qui tient la manette est réellement informé sur ce clair-obscur dont il est, in fine, l'ultime artisan.

Car si le nouveau président burundais a été largement applaudi lorsqu'il a déclaré la guerre aux corrompus et aux autres mandataires publics ou responsables administratifs attachés à leur ventre, il est aussi honni pour son incapacité à mettre fins aux disparitions forcées qui, selon des militants des droits humains, vont crescendo depuis trois mois.

« Les cas de disparitions forcées et d'enlèvements ont atteint aujourd'hui le même niveau que celui de 2016, au plus fort de la crise du 3ème mandat de feu Pierre Nkurunziza », susurre sous le sceau d'anonymat, un des ardents défenseurs des droits humains au Burundi.

Dans l'hypothèse, peu probable, où le président Evariste Ndayishimiye ne serait pas au courant des récents cas de disparitions forcées/enlèvements qui inquiètent le citoyen Lambda, en voici quelques cas récents, signes visibles de l'iceberg.

Eddy Irakoze, 34 ans, ancien militant du MSD, vigile affecté à l'ambassade de Russie, a été enlevé le 12 septembre 2021 à Musaga.

Thierry Niyonkuru, 34 ans, a été enlevé le 10 septembre 2021 à Kinanira.

Christophe Niyonzima, ancien réfugié au Rwanda, rapatrié en décembre 2020, chauffeur de taxi, a été arrêté par des agents du SNR, le 23 août 2021 à Ku Masanganzira (route Kirundo-Ngozi), de même que sa voiture.

Bonfils Migabo, ancien sous-officier de l'armée, récemment libéré de prison, a été enlevé le 05 août 2021 non loin du Saint-Michel à Bujumbura.

Janvier Bizimana, ancien caporal de l'armée (arrêté en 2018) et récemment libéré de prison, a été enlevé le 09 juillet 2021 à Ngagara.

Venant Kayobera alias Ahmad Masaho, rabatteur au parking dit Cotebu, a été arrêté le 31 juillet 2021.

Christian Ndizeye, réputé proche du régime, est introuvable depuis son arrestation le 17 juillet 2021 au bar Calvados à Bujumbura.

Selemani Niyonzima, 39 ans, ancien militant du MSD, employé dans une pharmacie vétérinaire à Kamenge, a été enlevé le 31 juillet 2021.

Tags:
Pas de Tags