Tout en réclamant du Rwanda ses putschistes, le Burundi oublie qu'il a refusé de lui remettre les génocidaires burundais de 1994
La justice rwandaise a déjà transmis au Burundi les dossiers de 670 ressortissants burundais accusés d'avoir participé au génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda, et a même lancé des mandats d'arrêt internationaux contre certains accusés qui se la coulent douce à Bujumbura ou ailleurs dans le pays.
Au lendemain de la fermeture par le Burundi, des frontières terrestres avec le Rwanda à cause de son refus de remettre les putschistes, la réplique est surprenante. Elle vient du porte-parole-adjoint du gouvernement rwandais, Alain Mukurarinda.
En réaction à la décision burundaise de fermer les frontières terrestres avec le Rwanda, Alain Mukurarinda revient sur un trait de l'histoire récente en rapport avec le génocide perpétré contre les tutsis du Rwanda en 1994.
Il admet que le Rwanda a refusé d'extrader des Burundais accusés d'avoir fomenté un putsch au Burundi, mais rappelle un détail que semblent oublier les autorités burundaises : Kigali a formellement demandé aux autorités burundaises de lui remettre des Burundais qui ont trempé dans le génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda et le régime burundais a toujours refusé de s'exécuter. «Le Rwanda en a pris acte, sans fermer pour autant les frontières», susurre le porte-parole adjoint.
Il sied de rappeler, d'entrée de jeu, que la justice rwandaise a déjà transmis au Burundi les dossiers de 670 ressortissants burundais accusés d'avoir participé au génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda, et a même lancé des mandats d'arrêt internationaux contre certains accusés qui se la coulent douce à Bujumbura ou ailleurs dans le pays.
«Nous avons une liste de Burundais qui ont personnellement participé au génocide contre les tutsis dans notre pays, mais le Burundi a refusé de nous les remettre jusqu'à aujourd'hui, mais nous n'avons pas pour autant fermé les frontières avec ce pays, pourquoi il le fait pour nous ?», a déclaré le porte-parole adjoint du gouvernement rwandais lors d'une conférence de presse.
Alain Mukurarinda ajoute que des mandats d'arrêt internationaux contre ces Burundais ont déjà été lancés. La plupart de ressortissants burundais sont toujours en vie et se baladent librement dans leur pays. Certains sont d'ailleurs aux affaires, sous le label CNDD-FDD (parti présidentiel).
« Les informations recueillies lors des procès gacaca ont confirmé que ces Burundais ont trempé directement ou indirectement dans le génocide », a-t-il ajouté.
Il est à rappeler que les gacacas, juridictions populaires inspirées des anciennes assemblées villageoises rwandaises, peuvent juger tous les présumés auteurs du génocide, sauf les planificateurs et les violeurs qui eux sont jugés par les tribunaux conventionnels.
Les autorités burundaises n'en font aucun commentaire.
Ces Burundais accusés par le Rwanda d'avoir pris part au génocide de 1994 avaient fui leur pays en 1972 et, en 1993 après l'assassinat de l'ancien président Melchior Ndadaye.
Le Rwanda a déjà fait savoir qu'il va recourir à la compétence universelle prévue dans ses textes de loi en vue de poursuivre devant ses juridictions des non-Rwandais accusés d'être impliqués dans le génocide.