Burundi/droits de l'homme : Le satisfecit de l'UE qui lève ses sanctions contraste avec l'inquiétude grandissante des ONG
L'UE a également déclaré qu'elle avait pris acte des progrès accomplis par le gouvernement burundais, depuis les élections de 2020, « en ce qui concerne les droits de l'homme, la bonne gouvernance et l'Etat de droit, ainsi que des engagements pris dans sa feuille de route en vue de nouvelles améliorations dans ces domaines».Voilà pour le factuel. Et les autorités burundaises, conscientes de leurs arnaque et supercherie (elles décrochent une bonne cote européenne alors que le tableau des droits humains est aujourd'hui aussi sombre qu'hier) s'en frottent les mains.
Cette fois, c'est officiel. L'Union européenne vient de lever les sanctions prises en 2016 contre le Burundi. Son Conseil l'a annoncé mardi, dans un communiqué.
Selon cette organisation paneuropéenne, cette décision est « l'aboutissement du processus politique pacifique entamé lors des élections générales de mai 2020, qui apporte une lueur d'espoir à la population du Burundi ».
L'UE a également déclaré qu'elle avait pris acte des progrès accomplis par le gouvernement burundais, depuis les élections de 2020, « en ce qui concerne les droits de l'homme, la bonne gouvernance et l'Etat de droit, ainsi que des engagements pris dans sa feuille de route en vue de nouvelles améliorations dans ces domaines».
Voilà pour le factuel. Et les autorités burundaises, conscientes de leurs arnaque et supercherie (elles décrochent une bonne cote européenne alors que le tableau des droits humains est aujourd'hui aussi sombre qu'hier) s'en frottent les mains.
« Je salue la décision sage de l'Union européenne et ses Etats membres pour avoir pris la mesure de lever, avec effet immédiat, les sanctions économiques contre mon pays. Le Burundi est disposé à coopérer avec tous les partenaires. Ensemble, tout est possible », a réagi le Président burundais, Evariste Ndayishimiye, dans un tweet.
Sauf que, vue sous le prisme des ONG indépendantes, la situation au Burundi est toujours alarmante et que rien ne justifie cette levée de sanctions européennes.
De l'avis de l'ONG Human Rights Watch (HRW), le pays reste plus que jamais en mode répression.
Dans un texte intitulé "La répression brutale n'a jamais cessé au Burundi", sa directrice pour l'Afrique n'y va pas par quatre chemins : "Depuis un an et demi, le gouvernement de Ndayishimiye continue largement de marcher sur les pas de Pierre Nkurunziza. Il a intimidé et réprimé ses opposants, détenu et torturé ses détracteurs, et, comme l'atteste un nombre grandissant de preuves recueillies par des organisations internationales et burundaises de défense des droits humains, a tué et fait disparaître un grand nombre de personnes qu'il soupçonne de travailler avec l'opposition politique ou avec des groupes rebelles".
Dans le pays, la situation sociale et économique ne cesse de se détériorer depuis 2015.
Mais cette crise économique – qui n'empêche pas une "mafia des généraux" de prospérer sur le dos de la population – entraîne aussi une radicalisation de l'opposition et l'ouverture de nouveaux fronts. Outre les Red Tabara (dont le nombre serait en augmentation entre 400 et 600 individus), deux autres mouvements ont pris de l'ampleur : le FNL d'Aloys Nzabampema et le front Godefroid Niyombare.
Tous ces mouvements peuvent compter sur des défections de plus en plus nombreuses dans les rangs de l'armée burundaise. Une tension et une insécurité accrues qui sont ressenties jusque dans les escortes doublées du président de la République et du Premier ministre.