Burundi : Les autorités minimisent les ravages de la COVID-19 et reçoivent des vaccins en cachette
Il s’agit d’une honte pour l’institution présidentielle burundaise. Au lieu d’assumer, le président se cache. Il n’apparaît pas. Il fuit le regard. Il échappe aux médias. Seul, il se protège. Lui seul (et sa suite) peut voyager parce qu’en fin de compte, lui seul accède à ce « sésame » qu’est le PASS COVID-19. Le Président Evariste Ndayishimiye, son épouse (et ses enfants) se sont vaccinés où ? Les membres de la délégation qui accompagnaient le couple présidentiel se sont vaccinés où ? Avec quel vaccin homologué par le Burundi parmi ceux reconnus par l’OMS ?
Depuis quelques mois, nul ne peut prendre l'avion pour l’Occident sans PASS COVID-19 qui confirme que le passager a reçu deux injections d'un des vaccins agréés par l'OMS. Cela se fait dans l’optique de protéger les autres passagers ainsi que les membres de l’équipage, les travailleurs au sol sans oublier les citoyens des pays de destination. Cette mesure s’applique pour tous les passagers sans exception aucune. C’est un exercice auquel on doit se soumettre pour contenir la pandémie Covid-19.
Cependant, le Président Evariste NDAYISHIMIYE et sa petite délégation viennent de rentrer de New-York où ils ont pris part à la 76ème Assemblée générale des Nations-Unies.
Cela sous-entend que le Président Ndayishimiye, son épouse et toute sa délégation disposent déjà d’un PASS COVID-19. Or ce PASS COVID-19 ne peut être délivré que si et seulement si une personne a reçu les deux doses prescrites. Donc, l’on ne peut conclure que le Président et sa suite se sont fait vaccinés en cachette, étant donné qu’au Burundi, le gouvernement s’est déjà prononcé être contre des vaccins dont « les résultats ne sont pas encore concluants ». Si cela est le cas, et c’est fort probable, il n’y a que deux mots pour qualifier cela : la Honte pour l’institution présidentielle et la faillite de l’Etat. Pire encore, dans son discours, le Président Evariste Ndayishimiye a osé dire :
« S’agissant de la pandémie de Covid-19, depuis l’apparition des premiers cas, le Burundi a pris des mesures de prévention et de riposte à cette pandémie et toutes nos stratégies ont permis de maintenir la positivité des tests à un taux inférieur à 3% et d’éviter de grandes incidences des formes graves. »
1. La honte pour l’institution présidentielle
Ailleurs, nous avons vu les présidents, les chefs de gouvernement, les Rois se faire vacciner pour lancer la campagne de vaccination massive pour toute la population. La responsabilité au sommet de l’Etat les y interpelle. Il s’agit de donner l’exemple, de dissiper les tensions et les malentendus autour de ces vaccins, de montrer à la face du monde qu’ils peuvent donner leur vie pour le destin commun, si l’on reste du côté des « vaccino-sceptiques ».
Il s’agit d’une honte pour l’institution présidentielle burundaise. Au lieu d’assumer, le président se cache. Il n’apparaît pas. Il fuit le regard. Il échappe aux médias. Seul, il se protège. Lui seul (et sa suite) peut voyager parce qu’en fin de compte, lui seul accède à ce « sésame » qu’est le PASS COVID-19. Le Président Evariste Ndayishimiye, son épouse (et ses enfants) se sont vaccinés où ? Les membres de la délégation qui accompagnaient le couple présidentiel se sont vaccinés où ? Avec quel vaccin homologué par le Burundi parmi ceux reconnus par l’OMS ?
C’est une honte, parce qu’à longueur de journée l'on chante que l'Etat burundais est un « Etat providence » (Reta mvyeyi). Quel parent pourrait se protéger sans protéger en priorité ses enfants en cas de danger mortel ? Eh oui, même les animaux ne le font pas. Il y a toujours l’instinct de protéger les petits, les vulnérables. C’est du jamais vu dans l'histoire des pays et de l'humanité. Le Gouvernement Ndayishimiye a refusé à la population burundaise l'accès aux vaccins contre cette pandémie dévastatrice qu'est la COVID-19. Il s’agit d’un acte purement et simplement criminel et une très haute trahison. Et pourtant, dans son discours il a osé dire « Cependant, la complexité du virus interpelle toutes les Nations du monde à plus de recherche et d’ingéniosité pour trouver une solution solidaire, collective, durable voire définitive à cette pandémie qui perturbe l’humanité toute entière ».
En attendant cette solution prônée par le Président Ndayishimiye, les vaccins ont bien prouvé la limitation de la propagation du virus dans les pays occidentaux ! Pourquoi alors ne pas permettre à la population burundaise d’en bénéficier ? Si les recherches sont menées avec ingéniosité, les résultats seront-ils approuvés par les détenteurs du pouvoir de Gitega ? Sur quelle base et quel critère, puisque les vaccins sont aujourd’hui rejetés par ces derniers ?
2. Cet acte traduit la faillite de l’Etat
Ce serait de l’euphémisme que de parler de la faillite de l’Etat burundais, vu ce qui se passe au sommet de cet Etat. Le Ministère de la Santé a annoncé que la vaccination n’est pas encore pour demain au Burundi, que les mesures de distanciation à elles seules (même pas respectées) suffisent, que le Burundi reste encore épargné des affres de la pandémie. Le Ministre de l’Intérieur, lui, a annoncé la couleur en soulignant que les vaccins sont là, mais malheur à celui qui se fera vacciner. Les conséquences n’incombent pas à l’Etat. Comme pour échapper à cette prophétie du ministre de l’Intérieur, le chef de l’Etat se fait vacciner en cachette via une organisation clandestine, inconnue. Entre temps les réseaux sociaux sont en haute tension, tous les dignitaires du régime se font vacciner en cachette, en « magendo » comme on dit en Kirundi.
Politiquement, c’est de la faillite de l’Etat dont il s’agit. Quand un Etat faillit, l’autorité cesse. La responsabilité s’érode. C’est le sauve-qui-peut. L’Etat est récupéré, quasiment privatisé.
C’est ce qu’on voit. On refuse la protection à la population. On l’envoie à la mort et on crée des espaces de protection propres aux gens « d’en haut ». On refuse à la communauté internationale d’intervenir via le mécanisme COVAX et on se cache pour prendre des doses. Le peuple crie au secours, mais leur cri de détresse tombe dans les oreilles des sourds.
Les médecins et les scientifiques burundais sont tétanisés. Ils sont censurés par le régime. Ils ne peuvent piper mot, car ils mettraient leur vie en danger. Ils ne peuvent donner ni critiquer les statistiques des cas testés. Certains disent que la COVID-19 n’existe pas au Burundi parce que le ministre Thadée Ndikumana l’a bien dit. Mais le ministre est sans doute déjà vacciné avec les mêmes doses qu’il refuse aux compatriotes.
Le Président Ndayishimiye Evariste a osé affirmer dans son discours de New York, que tout va bien au Burundi, que la COVID-19 qui décime pour le moment des familles entières est sous contrôle, que le droit à la santé est respecté, alors que le Burundais lambda n'a pas droit à la protection et encore moins aux vaccins.
Non, Monsieur le Président, diriger un pays, ce n’est pas s’endoctriner, ce n’est pas tâtonner, ce n’est pas polémiquer, ce n’est pas se cacher. Diriger un pays, c'est prévoir, c'est anticiper, c'est protéger sa population, c’est écouter sa population, c’est écouter et entendre le monde, c’est discerner.
3. Des mesures urgentes pour stopper la propagation du virus
Il est aujourd’hui reconnu que le virus tue au Burundi. Il est donc urgent de soigner la communication autour de la pandémie pour corriger les erreurs commises dans la négation de la présence du virus sur le sol burundais, que la COVID-19 tue en masse et que par conséquent toute personne sur le sol burundais doit se protéger avec un masque. Le Ministère de la Santé devrait communiquer des statistiques correctes des personnes contaminées, hospitalisées et le nombre de décès. Le mensonge sur les chiffres est contreproductif. A défaut, les personnes contaminées devraient témoigner ; ainsi que celles qui ont perdu les leurs, emportés par la pandémie. En tirant sur la sonnette d’alarme, les uns et les autres sauveront peut-être quelques vies humaines par leur patriotisme.
En cette période cruciale de lutte contre la propagation de la COVID-19, l'heure n'est pas aux discours et propos mensongers.
La gravité de la situation appelle au sursaut patriotique afin d’agir ensemble pour combattre main dans la main ce fléau. Le déni de la réalité n'est pas une solution. C'est même criminel. La sagesse recommande de dire la vérité, de chercher des aides : assez de masques pour le personnel soignant et pour la population, peut-être en fabriquer sur place ; créer plusieurs centres de dépistage, pratiquement dans toutes les provinces du pays, former le personnel à utiliser les équipements pour le dépistage, adopter les techniques et méthodes de dépistage qui prennent peu de temps pour avoir des résultats ; demander de l'aide pour équiper tous les hôpitaux du pays en respirateurs ; réaménager les hôpitaux pour augmenter le nombre de lits dans les services de réanimation et protéger les autres malades hospitalisés, etc. Bien sûr, la solution immédiate à adopter est la campagne de vaccination en masse de toute la population burundaise à partir de 12 ans et plus.
En attendant la vaccination en masse et l’immunité collective, des mesures drastiques doivent être prises, notamment interdire des événements qui regroupent plusieurs personnes comme les messes, croisades de prière, les fêtes, etc.
Les polémiques, les accusations fantaisistes, la culpabilisation des uns et des autres doivent cesser. Le gouvernement a le devoir et la responsabilité de privilégier plutôt l'intérêt général du peuple burundais et en particulier sa sécurité. C’est une question d'une importance capitale. La vie ou la survie des citoyens et finalement de la Nation Burundaise en dépendra.