Une leçon pour le CNDD-FDD au Burundi : L'ANC perd son assise populaire en Afrique du Sud
Si le CNDD-FDD continue sur la même voie, le risque d'implosion est réel. Pas seulement l'implosion du CNDD-FDD en tant que système politique mais aussi du pays. La misère continue d'empirer, la corruption continue de s'aggraver, le style de vie extravagant de l'élite dirigeante continue, les pratiques oppressives s'aggravent de jour en jour, l'injustice est devenue la norme. Aucun système au monde ne peut survivre sur un tel champ de ruines.
Comme l’ANC, L'African National Congress, le CNDD est arrivé au pouvoir sur les rails d’un compromis politique. Malgré les années de lutte armée avec mission de déloger le pouvoir et système en place, le CNDD-FDD comme l’ANC, n'avait jamais réussi à capturer un seul mètre carré du territoire qu'ils prétendaient vouloir libérer. L’ANC, au pouvoir en Afrique du Sud depuis la fin de l'apartheid en 1994, vient de perdre sa dominance politique depuis son arrivée au pouvoir. Ses résultats dans les élections locales selon les résultats de jeudi 4 novembre, montrent que le parti de Nelson Mandela est en perte de vitesse. Pour la toute première fois, l’ANC a obtenu moins de 50% des voix.
Cette perte de vitesse n’est aucunement une surprise. La dégringolade a commencé depuis quelques années. En 2016, ce parti, autrefois dirigé par l'icône mondiale Nelson Mandela, n’avait recueilli que 54% de voix lors des communales et 64% lors des élections précédentes.
Selon les résultats de jeudi 4 novembre, l'ANC a obtenu 46% des voix, remportant la majorité des voix dans 161 des 213 communes contestées.
L'Alliance démocratique (DA) a remporté 22% des voix, obtenant la majorité dans 13 municipalités, et le Parti de la liberté Inkatha (IFP) a réussi à obtenir la majorité dans 10 municipalités. Plusieurs partis se sont présentés aux élections.
Contrairement au CNDD-FDD, l'ANC a résisté à l'envie de tricher et de harceler l'opposition pour gagner à tout prix. Il se trouve que les Sud-africains ne sont pas aussi crédules et que la séparation des pouvoirs en Afrique du Sud est bien vivante.
Le CNDD-FDD a longtemps essayé de copier l'étiquette du « mouvement de libération » au dos de laquelle l'ANC a accédé au pouvoir en Afrique du Sud. C'était d’ailleurs ce visage que le mouvement de résistance hutue au Burundi avait essayé de présenter initialement lorsque Mandela servait de médiateur dans le processus de paix pour le Burundi.
Comme l'ANC, le parti au pouvoir au Burundi a adopté les pratiques les plus corrompues qui font passer ses prédécesseurs pour des incorruptibles. Certes, la corruption existe au Burundi depuis l'indépendance. Les élites dirigeantes se sont toujours souciées davantage de s'enrichir que de sortir les pauvres de la pauvreté. Cependant, les niveaux de corruption observés sous les régimes précédents ne sont pas comparables aux niveaux de corruption endémique dans laquelle les élites du CNDD-FDD ont plongé le pays.
Il est indéniable que la pauvreté a toujours affligé les Burundais sous divers régimes. Sous le régime du CNDD-FDD, elle s'est métastasée à tous les niveaux de la vie que maintenant plus de 75% de Burundais vivent dans une pauvreté abjecte. Les fonctionnaires d’état et employés des compagnies privées qui, jadis menaient une vie relativement aisée tirent désormais le diable par la queue.
Pendant que la masse paysanne sombre dans une profonde pauvreté, l'élite politique est devenue plus audacieuse dans le pillage des fonds publics. Ils mènent des styles de vie si extravagants qu'ils n’auraient pas l’air déplacé dans n’importe quelle enclave de rappeurs américains.
Cette corruption et manque d’une politique claire et bien articulée visant à tirer le pays de cette pauvreté a rendu le parti CNDD-FDD impopulaire. Certes, le parti garde une bonne proportion de soutien populaire, mais il est loin de la dominance dont ils jouissaient quand ils sont arrivés au pouvoir. La bienveillance dont ils bénéficiaient de la part des Burundais s'est complètement évaporée.
C'est exactement la même voie qu’a suivi l'ANC : corruption extrême, mode de vie extravagant pour l'élite politique et ceux qui lui sont liés, échec à faire profiter financièrement les masses noires sud-africaines de la ‘libération’, brutalités policières contre les pauvres et les syndicalistes.
Il n’est donc pas surprenant que l’ANC comme le CNDD-FDD soient en perte de vitesse. Alors que le CNDD-FDD peut imposer sa volonté par la pure violence brutale pour se maintenir au pouvoir au Burundi, l'ANC ne peut pas faire de même en Afrique du Sud sans provoquer son implosion politique.
L'ANC a perdu le plus son soutien dans des grandes villes, notamment le centre financier de Johannesburg, ou il n’a obtenu que 33,60 %. Cela semble être exactement la même chose pour le CNDD-FDD qui a vu l'opposition à son forçage politique de 2015 pour un troisième mandat s'intensifier dans les zones urbaines qu'elle ne l'était à la campagne.
Cependant, l'ANC et le CNDD-FDD ne gouvernent ni n'habitent des pays comparables. Le Burundi est le pays le plus pauvre d'Afrique et du monde tandis que l'Afrique du Sud est le plus avancé du continent.
Si le CNDD-FDD continue sur la même voie, le risque d'implosion est réel. Pas seulement l'implosion du CNDD-FDD en tant que système politique mais aussi du pays. La misère continue d'empirer, la corruption continue de s'aggraver, le style de vie extravagant de l'élite dirigeante continue, les pratiques oppressives s'aggravent de jour en jour, l'injustice est devenue la norme. Aucun système au monde ne peut survivre sur un tel champ de ruines.