Au Burundi, la grâce présidentielle n'engage que ceux qui y croient : aucun détenu bénéficiaire depuis janvier

Selon des observateurs, il y a un fossé abyssal entre le président et ses collaborateurs qui, en principe devraient exécuter ses ordres dans l'immédiat. C'est le comble d'une gouvernance dont le double ressort se décline en tyrannie et concussion. Le chef de l'Etat est au courant de ce piétinement mais n'en pipe mot. Dans ces conditions, il est difficile de déceler le véritable centre décisionnel d'un tel régime né et grandi dans le bouillon de la rébellion structurelle. Pour rappel, les prisons burundaises sont bondées comme un œuf depuis des années.

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Burundi Daily
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23.4.2022
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Gouvernance

Au Burundi, des centaines de prisonniers qui avaient applaudi des deux mains le discours du chef de l'Etat, Evariste Ndayishimiye, qui avait juré, la main sur le cœur, de relaxer tous ceux qui ne sont accusés d'aucun crime de sang broient du noir, plus de trois mois après.

Fin 2021, le président burundais, Evariste Ndayishimiye avait promis de vider les prisons en 2022. « Nous allons libérer tous les prisonniers n'ayant pas commis de crimes de sang pour qu'ils comparaissent tout en étant libres », a-t-il déclaré.

Curieusement, à l'heure actuelle, aucun détenu n'a encore été relaxé dans le cadre de cette grâce présidentielle vantée jusqu'au-delà des frontières burundaises.

Le silence assourdissant qui a suivi, l'inaction maladive du ministère de la justice et les cris des détenus leurrés agacent. Tant et si bien que les députés en ont récemment touché un mot au premier ministre, Alain Guillaume Bunyoni. Lui-même visiblement gêné et incapable de leur dire pourquoi l'ordre du président sonne comme un coup d'épée dans l'eau, Alain Guillaume Bunyoni leur a rétorqué qu'il y a « plusieurs dossiers qui seront analysés, cas par cas. ». Les députés sont restés sur leur soif. Car c'est pour la première fois qu'une grâce présidentielle soit commuée en mensonge éhonté.

Selon des observateurs, il y a un fossé abyssal entre le président et ses collaborateurs qui, en principe devraient exécuter ses ordres dans l'immédiat. C'est le comble d'une gouvernance dont le double ressort se décline en tyrannie et concussion.

Le chef de l'Etat est au courant de ce piétinement mais n'en pipe mot. Dans ces conditions, il est difficile de déceler le véritable centre décisionnel d'un tel régime né et grandi dans le bouillon de la rébellion structurelle.

Pour rappel, les prisons burundaises sont bondées comme un œuf depuis des années.

Selon le dernier rapport (mars 2022) de l'Association Chrétienne pour l'Abolition de la Torture, ACAT-Burundi, l'effectif global des détenus dans tout le pays est estimé à 11576 prisonniers pour une capacité globale d'accueil de 3700 prisonniers.

Pour une capacité d'accueil de 100 détenus, la prison de Muramvya en contient 699, celle de  Mpimba qui ne devrait pas dépasser 800 en héberge 4632  et celle de Ngozi, avec une capacité de 650 en a 2004.

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