Cette tirade est riche de signification. D'abord parce qu'elle traduit la parfaite conscience du président burundais au sujet de l'effet boomerang du conflit armé opposant le M23 et l'armée congolaise et ses supplétifs.En y dépêchant d'entrée de jeu ses 20.000 hommes pour neutraliser le M23, Evariste Ndayishimiye a parié sur la victoire de Kinshasa et ses soutiens et il perd, contre toute attente.
Au-delà des risques évidents posés par le M23, Ndayishimiye est confronté à un autre problème qu'il a lui-même créé : la convergence d'hommes armés et désespérés sur son territoire. D'un côté, les FDRL, qui avaient construit une solide enclave au Nord-Kivu pour attaquer Kigali, ont fui la région depuis sa prise par le M23. Leur destination est bien sûr le Burundi, où leurs dirigeants avaient longtemps bénéficié d'un refuge confortable offert par le régime CNDD-FDD. De l'autre, des militaires et policiers congolais désorientés, affaiblis et dispersés.
Alors que les frontières avec le Rwanda sont fermées, que la frontière avec la Tanzanie est incertaine et lointaine, la seule voie de secours et de transit pour le Burundi était Uvira et le long du lac Tanganyika en RDC. Cette partie est aujourd'hui sous le contrôle des ennemis jurés du Burundi. Résultat, l'asphyxie est désormais totale et l'économie burundaise va mordre davantage la poussière.
Non seulement il y a eu des erreurs stratégiques, mais des échecs en matière de renseignement ont entaché ce déploiement malheureux. Ndayishimiye et son armée semblent avoir été pris au dépourvu par la supériorité technique et tactique de leur voisin du nord. Les coups de gueule qui ont suivi montrent à quel point il est inquiet de voir son armée et lui-même découvrir leurs lacunes.Cet échec du renseignement ne surprend personne, hormis Ndayishimiye. Logé dans le bureau du président, loin de tout contrôle, le SNR est devenu un outil de répression.
Ce n'est pas seulement en République démocratique du Congo (RDC) que le président Evariste Ndayishimiye se trouve dans une position précaire ; il est plutôt aux prises avec une multitude de défis qui ont aggravé un paysage économique déjà désastreux et exacerbé les tensions politiques au Burundi. L'économie du pays a été décimée, souffrant d'années de mauvaise gestion, de corruption et de chocs externes, qui n'ont fait qu'exacerber l'instabilité politique existante.
es inquiétudes de Ndayishimiye ne sont pas infondées. Le groupe rebelle M23, qui a subi des pertes aux mains des forces burundaises dans le Nord-Kivu, pourrait très bien chercher à se venger maintenant qu'il a le dessus. Bien que le M23 ait annoncé un cessez-le-feu qu'il s'était imposé le 3 février et qu'il ait publiquement nié toute intention d'avancer vers Bukavu, il existe des croyances répandues – renforcées par des allégations de soutien rwandais – qu'ils prévoient de s'emparer de Bukavu. Cette menace imminente a déclenché une vague d'anxiété à Bujumbura.
D'entrée de jeu, il sied de rappeler que les loups du CNDD-FDD sont toujours à l'affût pour faire main basse sur le moindre dollar qui atterrit dans la cassette de la banque centrale. Leurs appétits gloutons son inassouvissables. Les investisseurs en sont au courant. C'est ainsi qu'ils ne se bousculent pas sur le portillon. Le cas du docteur Christophe Sahabo, ancien directeur général de Kira Hospital, qui se meurt en prison pour avoir tenté de leur barrer l'accès à la manne financière de cette structure sanitaire moderne, fruit des investisseurs étrangers.
Selon des observateurs avisés, Evariste Ndayishimiye fait ce déplacement surprise à Kinshasa pour empocher le magot promis, en contrepartie de l'engagement controversé de son armée et de la milice des jeunes Imbonerakure (appendice du parti présidentiel CNDD-FDD) dans la guerre contre le mouvement rebelle congolais M23 qui, ces derniers jours, menace de prendre Goma, capitale du Nord-Kivu.Evariste Ndayishimiye en a fait un projet personnel, source de millions de dollars sans aucune trace dans le Budget général de l'Etat.
Selon des sources concordantes, le chef de l'Etat Evariste Ndayishimiye serait en train de négocier avec son congénère congolais, Félix Tshisekedi pour faire de l'est de la RDC le point de chute de ses militaires (plus de 5000) chassés de la Somalie.Dans l'absolu, l'économie burundaise ne devrait pas pâtir de ce désengagement, dans la mesure où le trésor public ne ressent pas jusque-là les retombées financières de cette mission de maintien de la paix en Somalie.
Selon des sources concordantes, Nyamwasa, venu de Kinshasa, vient de quitter Bujumbura où il s'est entretenu avec les autorités burundaises dont le général Prime Niyongabo, chef d'état-major de l'armée burundaise. Il s'est envolé pour la Tanzanie ce week-end, d'après des sources rwandaises qui ne le quittent d'une semelle.L'idée derrière ces agissements est de renforcer les mouvements rebelles rwandais, dont les FDLR, afin de déstabiliser le régime de Kigali, bête noire de la RDC et du Burundi.
Englué dans une crise politique et socioéconomique qui risque de mener à l'implosion généralisée dans pas longtemps, en froid contre Kigali pour des raisons étonnamment puériles, militairement en guerre contre le M23 pour le grand plaisir de Kinshasa, le Burundi est en porte-à-faux dans ce puzzle dont les autorités ont du mal à déceler les enjeux stratégiques, mis à part les réflexes ethnistes.
La sentence a été rendue par l'auditorat militaire en itinérance à la prison centrale de Rutana. Les condamnés ont rejeté cette décision, arguant qu'elle émane plutôt de la hiérarchie militaire ou plus exactement du commandant suprême, en l'occurrence le chef de l'Etat, en personne. Ils l'ont, du coup, qualifié de parodie judiciaire.
Pour nombre d'observateurs, cette seconde attaque dans ce secteur en deux mois semble remettre en cause le dispositif sécuritaire mis en place par l'armée burundaise...Mais voici un hic : il y a à peine trois mois, le pouvoir burundais assurait avoir repoussé le RED-Tabara à au moins cinq jours de marches de sa frontière, après une année d'opérations militaires dans les moyens et hauts-plateaux qui surplombent Uvira et Fizi, dans le Sud-Kivu.
Propriété privée d'un certain Donatien Ndayishimiye, officier du Service National des Renseignements, SNR, Ikiriho s'en prend tour à tour à Alexis Sinduhije, Bob Rugurika et Pacifique Nininahazwe en les accusant ouvertement d'être derrière cette attaque revendiquée pourtant par le mouvement rebelle RED-TABARA.
D'après les témoignages concordants, la haute hiérarchie de l'armée burundaise est pertinemment consciente du danger qui guette les infortunés qui héritent de cette mission dans la province de Kivu. Ils sont candidats à la mort.C'est ainsi que, au moment de la composition des listes des militaires préalablement identifiés pour cette mission, aucun cadre hutu (et Dieu sait qu'ils sont nombreux au sein de la FNDB) ne daigne y désigner un proche.
La veille, le chef de l'État burundais avait assumé son soutien à la RDC dans sa guerre contre le M23. « Le feu qui brûle la RDC est le même qui peut brûler le Burundi demain....j'appelle par conséquent tous les Burundais à soutenir la RDC dans son combat contre les rebelles du M23 » disait-il lors d'une émission publique, diffusée par la radio et la télévision d'état. Autant Gitega s'engage à travers le choix présidentiel de pactiser avec Kinshasa, autant il vilipende et diabolise Kigali, accusé de tous les mots.
Officiellement, le Burundi botte toujours en touche et refuse obstinément de commenter ces propos de l'ONU malgré les évidences, en l'occurrence ses nombreuses victimes dans les rangs de l'armée, ou des centaines de militaires, toutes catégories confondues, qui ont refusé de se laisser canarder comme des mouches sous le drapeau congolais.
Toute cette galaxie de militaires a refusé d'obéir à l'ordre de combattre le M23 après la déroute qui a coûté la vie à plusieurs dizaines d'entre eux alors que les trouillards soldats congolais ont pris le large.Depuis leur lieu de détention, ils demandent ou exigent une visite de la Commission nationale indépendante des droits de l'homme, CNIDH, histoire de constater, de visu, les dramatiques conditions de leur détention.Cela sonne comme une révolution au sein de l'armée burundaise.
Afin d'aider le M23 à faire face aux dépenses inhérentes à cette dignité demandée, Athanase Karayenga ou plutôt Bene Burundi s'engage à « lancer une collecte publique et transparente de fonds à envoyer intégralement à une organisation humanitaire recommandée par M23 » afin de les lui faire parvenir.
L'armée burundaise n'a pas encore réagi à ces allégations qui deviennent, pourtant, de plus en plus récurrentes.Pour rappel, en mai dernier, des militaires burundais déployés à l'est de la RDC avaient été accusés de collaborer avec des rebelles rwandais.A cette époque, le Burundi avait fermement rejeté de telles allégations.« Nous déplorons que certaines personnes mal intentionnées comme la télévision rwandaise RTV aient lancé des accusations sans fondement contre les soldats burundais déployés au Nord-Kivu », avait alors déclaré le colonel Floribert Biyereke.
Au-delà de la sommation qui, en temps normal, n'a rien d'inhabituelle, vu que ces tenues des militaires ou policiers devraient être la chasse gardée des membres de ces deux corps de sécurité, tous les regards sont tournés vers Révérien Ndikuriyo, secrétaire général du CNDD-FDD.Ces derniers jours, il a étonné plus d'un en apparaissant en public en tenue militaire, lors de ces tournées en provinces pour moraliser les Imbonerakure et autres leaders locaux de son parti, le CNDD-FDD. Ces réunions étaient aussi nocturnes.
Les Hutus ont pris d'assaut la police et l'armée. Au niveau de l'administration publique, cet Accord avait prévu 60% des hutus et 40% de tutsis. Là encore, la promesse n'aura engagé que ceux qui y ont cru.Le déséquilibre est partout, y compris dans l'administration communale ou décentralisée. Pourtant, d'après les négociateurs d'Arusha, ce genre d'équilibres constituait un gage de la stabilité politique au Burundi.
Y aurait-il un coup d'Etat en préparation au Burundi? C'est certainement ce que disent certains extrémistes hutus qui viennent d'alerter l'opinion sur l'imminence d'un coup d'Etat en préparation contre le président Evariste Ndayishimiye.En s'appuyant sur des déclarations d'un certain Luc Michel, présenté comme un « géopoliticien Belge, ami du Burundi », un site web ultra hutisant évoque en effet ce qu'il appelle « un changement de régime » en préparation.Il sied de préciser, d'entrée de jeu, que Luc Michel se présente comme un militant politique belge d'extrême droite.
Pour rappel, en représailles à trois attaques simultanées menées par des groupes armés à Bujumbura et ses environs, les forces de sécurité et leurs supplétifs Imbonerakure ont rasé des quartiers et collines entiers et exécuté sommairement des centaines de personnes.Ce carnage est intervenu après des mois de violence d'Etat organisée en écho à un vaste mouvement de contestation populaire du 3ème mandat du défunt président Pierre Nkurunziza.Le Burundi a basculé dans l'indicible.
S'il est indécent de gloser sur une telle horreur, il est encore plus révoltant de constater le peu de compassion dont a fait montre le gouvernement vis-à-vis des familles des victimes. Pas le moindre jour de deuil national déclaré. Aucune décision de mettre les drapeaux en berne en signe de deuil pour ces vaillants héros fauchés sur le champ de bataille. Le gouvernement les traite comme de la vraie chair à canon. Dans sa première conférence de presse organisée à son Palais de Bujumbura le 10 mai, le Chef de l'Etat n'y a même pas fait allusion.