Bannis du centre-ville de Bujumbura, les conducteurs de taxis-motos, vélos et tuk-tuk s'en remettent au Premier Ministre pour suspendre la décision assassine

Aux yeux des observateurs, deux constats majeurs surgissent de cette ultime tentative de freiner une nième mesure controversée, unilatéralement prise par le ministre Gervais Ndirakobuca.D'une part, il s'agirait, pour le gouvernement, d'une maligne stratégie de se tirer d'affaire en rétrogradant via la suspension d'une décision fort contestée. Le gouvernement serait, dans cette hypothèse, l'initiateur et même rédacteur d'une requête lui adressée.

Par
Burundi Daily
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4.3.2022
Categorie:
Economie

Les syndicats des conducteurs de taxis-motos, vélos et autres tuk-tuk ont le blues, au lendemain de la décision du bouillant ministre en charge de l'Intérieur, Gervais Ndirakobuca, de les bannir du centre-ville de Bujumbura, capitale économique du Burundi, dès le 11 mars courant.

Forcés au chômage de but en blanc et par conséquent brutalement plongés dans une désolation indicible, ils ont décidé de saisir le Premier Ministre Alain Guillaume Bunyoni pour lui demander d'intimer l'ordre à au ministre de sursoir à sa décision.

« Cette mesure ne vient que fragiliser de plus en plus les travailleurs concernés, étant donné que ces derniers seront soudainement privés de leurs sources de revenus car ces taxis emploient plus de 20 mille travailleurs, entre autres 2000 chauffeurs de tuk-tuk, 5000 chauffeurs de taxis-motos et 10.000 conducteurs de vélos », ont-ils déclaré dans leur correspondance, fuitée.

Et les leaders syndicaux d'ajouter : « Nous affirmons fermement que cette mesure vient impacter négativement les populations à faible revenus qui se déplacent à l'aide de ces moyens de transport ».

Selon les trois syndicats, cette décision « devrait passer par la concertation et le dialogue social afin de trouver des solutions plus acceptables pour les deux côtés ».

Aux yeux des observateurs, deux constats majeurs surgissent de cette ultime tentative de freiner une nième mesure controversée, unilatéralement prise par le ministre Gervais Ndirakobuca.

D'une part, il s'agirait, pour le gouvernement, d'une maligne stratégie de se tirer d'affaire en rétrogradant via la suspension d'une décision fort contestée. Le gouvernement serait, dans cette hypothèse, l'initiateur et même rédacteur d'une requête lui adressée.

Il sied de rappeler que ces taxis font vivre les petites gens (dont une bonne frange de militants). Le gouvernement fait recours à eux dans les manifestations et autres festivités louant le régime CNDD-FDD. Ils auraient donc saisi le Chef de l'Etat qui, in fine, opte pour la marche arrière.

D'autre part, dans l'hypothèse où le noyau décisionnel du CNDD-FDD tiendrait réellement à étouffer les usagers de ces taxis de basse facture, l'initiative syndicale viendrait d'un autre noyau non officiel mais radicalement opposé à une mesure qui tue.  Dans un cas comme dans l'autre, la raison qui sous-tend ces supputations est que les trois leaders syndicaux qui sortent du bois sont des inconnus, surgis pour saisir la primature via une correspondance nickel, rédigée dans un  français hors portée des taxis-vélos, motos ou tuk-tuk.

Les uns et les autres retiennent leur souffle, en attendant le feedback du Premier ministre.

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