Cette soirée du 13 octobre 1961 au cours de laquelle le Prince Louis Rwagasore fut assassiné
Le mercredi 18 octobre, à l’Église Saint-Michel, le service funèbre commença immédiatement, présidé par Monseigneur Michel Ntuyahaga. Les funérailles, proprement dites,eurent lieu dans l’après-midi sur la colline Vugizo aménagée pour cela, en présence d’une foule estimée en milliers.
Cette soirée du 13 octobre 1961,seulement un mois après la formation de son gouvernement, et 8 mois avant l’Indépendance, Louis Rwagasore, héros de l`indépendance, dont le parti UPRONA(Union pour le Progrès National), venait de gagner les élections législatives du 18 septembre 1961, fut assassiné. Après une longue journée du Conseil de Cabinet, accompagné de six de ses amis, le nouveau Premier Ministre Louis Rwagasore dînait sur la terrasse du restaurant Tanganyika, près du lac Tanganyika.
Le lendemain du meurtre, un discours du Mwami Mwambutsa fut diffusé sur les ondes de Radio-Burundi, dans lequel il s’adressait aux Burundais en leur demandant de garder leur calme, et quelques jours plus tard, un hélicoptère le transporta pour des visites destinées à apaiser les esprits en différents points du territoire national.
Le mercredi 18 octobre, à l’Église Saint-Michel, le service funèbre commença immédiatement, présidé par Monseigneur Michel Ntuyahaga. Les funérailles, proprement dites,eurent lieu dans l’après-midi sur la colline Vugizo aménagée pour cela, en présence d’une foule estimée en milliers.
À cette occasion,quatre discours furent prononcés, dont celui de Pierre Ngendandumwe,Vice-Premier Ministre et Ministre des Finances. Ce dernier fit un discours extraordinaire, et surtout prophétique, dont voici quelques extraits:
« (…) Conseiller Général, sage dynamique et écouté, il ne ménageait jamais ses forces pour se consacrer jours et nuits aux nombreuses audiences de tout genre. Grands et petits, malheureux et désolés, tous étaient reçus à bras ouverts et trouvaient en sa personne aide, encouragement et consolation.
Majesté, votre fils est mort assassiné, il a perdu la vie au front. Il combattait les ennemis de votre peuple. Il est et reste le grand ennemi de l’injustice, de la bassesse, de la corruption. Voilà la raison de son assassinat.
Il a dit non à l’injustice, montré la voie du peuple murundi. Il est mort parce qu’il voulait l’unité. Ceux qui l’ont assassiné désiraient la désunion, la haine et au bout du processus le sang des innocents.Le plan nous est familier. On supprime d’abord la personne qui gêne, puis on plonge le peuple dans le sang. Que ces malheurs n’arrivent jamais à votre peuple (…) »
« (…) Son amour pour le Burundi était tel que nos ennemis ne pouvaient pas le lui pardonner, ils devaient le tuer tôt ou tard (…)»
« (…) Lui voulait le Burundi libre et grand. Eux voulaient l’asservir, le déshonorer, le souiller (…) »
« (…) Prince mort pour le Burundi, vous victime et martyr de notre Patrie, jamais nous n’oublierons le principe de votre vie que résume merveilleusement votre recommandation : PAIX. Allez en paix, Prince, que la Paix que vous avez tant prêchée reste dans le Burundi, ce pays auquel vous vous êtes offert en holocauste. »
« On supprime d’abord la personne qui gêne, puis on plonge le peuple dans le sang».
Avec la mort de Rwagasore, s'évanouissait tout le rêve de construire une nouvelle société juste et prospère.
Le rêve d’un Burundi libre, uni et démocratique du prince Louis RWAGASORE fut ainsi brisé : la souveraineté du peuple burundais a été confisquée par une oligarchie militaro-civile, qui au cours des années changera de figure de proue, mais n’hésitera jamais à recourir à la force et à la violence pour maintenir ses privilèges.
Puissions-nous espérer qu`un jour, les générations futures feront renaître ce rêve de Rwagasore,afin que le Burundi retrouve enfin la paix, l`unité et la prospérité.