Des Burundais affamés, inconsolables à la vue des tonnes de graines de maïs pourries dans un stock incontrôlé à l'est
Il s'agit, pour certains observateurs, des produits extorqués par le gouvernement pour, finalement, périr dans des hangars inappropriés à la conservation des produits agricoles. Dans ce domaine comme dans bien d'autres, le régime agit par tâtonnement, uniquement guidés par les intérêts des oligarques du CNDD-FDD.Le gouvernement devrait repenser sa stratégie et laisser la loi de l'offre et de la demande réguler le marché sans plus.
Il s'agit d'un cynisme outrecuidant dont les autorités burundaises restent les seuls maîtres à l'échelle mondiale.
Alors qu'il est tenaillé par la faim sur fond de flambée des prix des produits et services de base, le Burundais Lambda des quatre coins du pays vient d'apprendre que des tonnes et des tonnes de graines de maïs moisissent dans le stock à Cankuzo, à l'ouest du Burundi suite à une mauvaise conservation.
Dans leur malignité diabolique, les autorités avaient l'idée de rafler les récoltes aux premières heures de la moisson à des prix dérisoires pour les mettre à l'abri dans des stocks de l'Etat.
A titre d'exemple, un kilo de maïs dont le coût est aujourd'hui estimé à 2000 Fbu s'achetait à 680 Fbu. La colère est grande. D'autant que ces produits vivriers moisissent alors que le prix sur le marché ne cesse de grimper et que les consommateurs manquent cruellement de liquidités.
Comme pour calmer leur ardeur, le ministre burundais de l'Agriculture et de l'élevage, Sanctus Niragira, vient de suspendre le directeur général de l'Agence nationale de gestion et des stocks de sécurité alimentaire (Anagessa), Evariste MANIRAMBONA.
« J'ai le regret de porter à votre connaissance que vous êtes suspendu de votre fonction de directeur général de l'Agence nationale de gestion de stock de sécurité alimentaire, ANAGESSA », a-t-il déclaré dans une lettre lui adressée qui a fuité.
«Cette mesure résulte du manquement professionnel entraînant des pertes énormes au sein de l'Agence dont vous êtes responsable», ajoute le ministre.
Au-delà de la sanction, méritée ou non, cet incident ramène à la surface le débat sur la rafle des produits agricoles par le régime CNDD-FDD.
Il s'agit, pour certains observateurs, des produits extorqués par le gouvernement pour, finalement, périr dans des hangars inappropriés à la conservation des produits agricoles. Dans ce domaine comme dans bien d'autres, le régime agit par tâtonnement, uniquement guidés par les intérêts des oligarques du CNDD-FDD.
Le gouvernement devrait repenser sa stratégie et laisser la loi de l'offre et de la demande réguler le marché sans plus.