Hier lèche-bottes du régime CNDD-FDD, le leader du parti CODEBU finit en taule pour une seule critique envers ses nourriciers
Officiellement, Kefa Nibizi est poursuivi pour atteinte à la sûreté de l'Etat, péché générique de la quasi-totalité des détenus que le régime CNDD-FDD juge politiquement « incorrects ».Mais l'intéressé sait pertinemment qu'il est accroché par la justice pour ces propos diffusés le 13 octobre 2023 à l'occasion de la commémoration de l'assassinat du Prince Louis Rwagasore, héros de l'indépendance du Burundi.
Kefa Nibizi, président du parti Conseil pour la démocratie et le développement économique du Burundi, CODEBU, est locataire de la prison centrale de Mpimba depuis mardi.
Il s'est retrouvé coffré au noir peu après une brève audition du tout nouveau procureur général de la République qui l'avait convoqué dans ses bureaux après son tweet incendiaire, le 13 octobre dernier, sur le compte X du parti (anciennement tweet).
Officiellement, Kefa Nibizi est poursuivi pour atteinte à la sûreté de l'Etat, péché générique de la quasi-totalité des détenus que le régime CNDD-FDD juge politiquement « incorrects ».
Mais l'intéressé sait pertinemment qu'il est accroché par la justice pour ces propos diffusés le 13 octobre 2023 à l'occasion de la commémoration de l'assassinat du Prince Louis Rwagasore, héros de l'indépendance du Burundi.
« A ce moment où le Burundi croupit dans la misère sans précédent à cause du leadership défaillant, le parti Codebu invite la population à ne pas céder à la résignation et de prendre l'exemple du Prince Louis Rwagasore pour redresser la situation qui ne fait que s'empirer », a-t-il posté sur la page X de son parti, le CODEBU.
Il sied de rappeler, à toutes fins utiles, que Kefa Nibizi avait, en 2016, remplacé le docteur Jean Minani (alors en exil) à la tête du parti FRODEBU NYAKURI. Pour mieux requinquer le régime CNDD-FDD en mal de popularité suite aux ravages du 3ème mandat illégal du défunt président Pierre Nkurunziza.
Kefa Nibizi doit avoir pris la mesure de la démesure des dégâts, tous azimuts, du régime CNDD-FDD pour changer son fusil d'épaule.
Misère sans précédent. Leadership défaillant, ne pas céder à la résignation...... Visiblement, Kefa Nibizi n'y est pas allé du dos de la cuillère pour vilipender le régime CNDD-FDD dont il avait pourtant soutenu le candidat lors de la dernière élection présidentielle (mai 2020). Bien d'autres opposants radicaux en diraient autant. Si pas moins. Sa langue a donc fourché. Et in en paiera le prix.
Car à ce jour, le Burundi n'est pas une démocratie. La liberté d'expression reste utopique.
Mais peu après sa bombe, Kefa Nibizi a retrouvé la raison du mouvement et a renoué avec le narratif du régime qui diabolise les autres, en particulier les régimes politiques d'avant, tutsis par excellence. Ainsi, dans sa tentative de limiter les dégâts nés de son tweet, il s'est fendu en plusieurs autres tweets accablant les autres. Les ennemis nés ou pris comme tel par le CNDD-FDD au pouvoir.
« Le Codebu est convaincu que la défaillance du leadership burundais dans le développement socio-économique commence avec le régime Micombero, qui a dépouillé le Burundi de l'essentiel de ses ressources humaines, des économies qui étaient florissantes ont été ruinées ».
« Le parti voudrait montrer encore que le régime de Buyoya n'a pas été en reste en brillant par son absence par des projets de développement et la précipitation du pays dans la guerre civile qui a déchiré davantage le tissu social burundais et qui a mis l'économie du pays à genoux ».
« Le parti regrette aussi qu'actuellement il subsiste des Burundais qui ne daignent pas suivre la vision de bonne gouvernance administrative et économique de son Excellence le Chef de l'Etat et qui ralentissent le développement socio-économique dont les Burundais ont tant besoin ».
Apparemment, la mayonnaise n'a pas pris. Toute cette logorrhée victimisant les déjà victimes n'aura pas séduit le procureur général qui, après une audience de moins de vingt minutes, a pris la décision de mettre en prison. A Mpimba.