Le bicéphalisme au sommet de l'Etat tue l'Etat: Le CNDD-FDD dévoile un programme bis en plein septennat de son candidat
Chaque burundais se souvient des premières années du règne du CNDD-FDD où Hussain Rajdabu, alors secrétaire du parti, semblait ignorer ou outrepasser les décisions du président de l'époque, Pierre Nkurunziza.Finalement, Pierre Nkurunziza a réussi à imposer sa volonté en renversant le secrétaire et en l'emprisonnant. Le même jeu semble se jouer désormais entre Evariste Ndayishimiye et Reverien Ndikuriyo, le secrétaire du parti.Le chef de l'Etat, Evariste Ndayishimiye, va dans tous les sens pour tenter, sans succès, de désembourber le pays.
Le Burundi est décidément dirigé par des énergumènes dévoyés, version maquis pur jus.
Depuis son accession au pouvoir en 2005, le parti CNDD-FDD n'a jamais perdu son caractère rebelle. Ses méthodes officielles de gouvernance et de gestion des affaires de l'État n'ont pas vraiment évolué par rapport aux méthodes généralement brutales nécessaires pour maintenir la cohésion d'une rébellion, y compris les coups bas et les luttes de pouvoir qui se forment habituellement au sein des factions de tout mouvement de rébellion.
Chaque burundais se souvient des premières années du règne du CNDD-FDD où Hussain Rajdabu, alors secrétaire du parti, semblait ignorer ou outrepasser les décisions du président de l'époque, Pierre Nkurunziza.
Finalement, Pierre Nkurunziza a réussi à imposer sa volonté en renversant le secrétaire et en l'emprisonnant. Le même jeu semble se jouer désormais entre Evariste Ndayishimiye et Révérien Ndikuriyo, le secrétaire du parti.
Le chef de l'Etat, Evariste Ndayishimiye, va dans tous les sens pour tenter, sans succès, de désembourber le pays, avec des projets aussi saugrenus que décapants, tel l'élevage d'escargots, de mouches et autres crabes.
Pendant ce temps, le chef de son parti, Révérien Ndikuriyo, vient de sortir de son mouchoir magique un autre vaste programme qui se décline en une ribambelle de réformes toutes aussi risibles que légères pour «désanémier» l'économie burundaise qui, en deux longues décennies de règne du CNDD-FDD, a pitoyablement mordu la poussière.
Lesdites meurettes miracles ont été annoncées la semaine dernière par Révérien Ndikuriyo, à Ngozi, à l'issue d'un conclave de la fine fleur du CNDD-FDD au pouvoir depuis 20025.
Que la crème de la crème de l’élite du parti se réunisse pour pondre de telles inepties et les présente comme une sorte de mesures salutaires est extrêmement inquiétant pour le pays. Peu importe. S'agit-il donc d'un changement de cap, de programme ou de réorientation de l'action du gouvernement, ou est-ce une autre manifestation aléatoire du bécéphalisme débilitant dont souffre le sommet de l'Etat? Les questions fusent de partout.
Nul n'ignore que toutes ces mesures sont ainsi annoncées de but en blanc alors que le gouvernement issu du même parti est en train de mettre en œuvre un autre programme pour lequel il est supposé avoir été élu en 2020.
En voici quelques-unes des mesures annoncées par le secrétraire du parti de l'aigle: réintroduire la formation civique et patriotique (en forme de service militaire obligatoire) de deux ans pour tous les lauréats des écoles secondaires, augmenter la production et exportations du café jusqu'à 45 mille tonnes en 4 ans, produire 1 million de tonnes d'avocats à exporter en 5 ans, produire 500 milles tonnes de fertilisants à exporter, restaurer le système d'internat dans les écoles, abandonner progressivement l'usage du charbon de bois au profit de l'utilisation du gaz pour protéger l'environnement. Plusieurs autres mesures sont aussi envisagées en faveur de la santé publique, l'éducation, la justice, le sport, la culture...
C'est ainsi que le parti au pouvoir entend sortir le Burundi de la pauvreté dans laquelle il se trouve depuis quelques temps. Ce sont les solutions présentées comme un remède magique au manque de devises étrangères qui a conduit au manque de produits essentiels importés dans le pays comme le carburant, les médicaments, etc...
Ce qui n’est jamais dit, volontairement certainement, c’est comment le Burundi en est arrivé là. Lorsque le parti CNDD-FDD a accédé au pouvoir en 2005, la production du café, principale exportation du pays et source de devises, était estimée à environ 37 tonnes. Aujourd’hui, le Burundi n’en produit que 7 tonnes. Il n’est donc pas étonnant qu’il y ait un manque de devises étrangères.
Autre omission volontaire : le troisième mandat du feu président Pierre Nkurunziza. Il a été approuvé par le parti au pouvoir qui continue de le défendre aujourd'hui malgré un récent arrêt de la Cour de justice d'Afrique de l'Est le jugeant inconstitutionnel.
Ce forcing de la part du parti CNDD-FDD a provoqué une profonde crise socio-politique qui a causé des morts et des souffrances incalculables dans tout le pays. En conséquence, les donateurs et partenaires traditionnels ont retiré leur aide directe à l’État, provoquant un profond ralentissement économique. L'aide directe au gouvernement Burundais était une source majeure de devises pour le pays. Bien sûr, cela est passé sous silence, comme si cette crise n’avait jamais eu lieu. Personne ne semble se demander ce qui aurait pu se passer si Pierre Nkurunziza avait cédé le pouvoir à l'un de ses proches collaborateurs.
Ainsi comme pour un bon spectacle comique, il y a un "encore". Cette cerise sur le gâteau: le parti va «civiliser», les Burundais ou plus exactement «isekeza ryo gusirimuka». ici, d'aucuns s'interrogent encore sur la forme que cela va prendre.
S'agit-il d'une campagne en faveur de l'hygiène et d'assainissement ou tout simplement nous allons vers le dandysme à la congolaise ? Va-t-on vers la sapologie (tendance vers l'élégance ou l'attirance vers la mode) ? Nul ne sait encore.
Dans tous les cas, la récente sortie médiatique du Secrétaire général du CNDD-FDD a prouvé une fois de plus que dans le système au pouvoir, il y aurait plusieurs centres de décision et qui marchent à des vitesses différentes, et qui tirent la plupart du temps dans des directions opposées.