Le dollar prend le dessus sur la justice : Libération de Prosper Hakizimana, trafiquant de stupéfiants
Quoique provisoire, sa libération donne raison à ceux qui ont toujours dit que les magnans de la contrebande et de l'illicite sont plus forts que l'Etat au Burundi. Prosper Hakizimana a acheté sa liberté à coups de centaines de milliers de dollars. Selon le ministère public, il lui a été demandé de «payer entre les mains du greffier-comptable la somme de 788.640.000 francs burundais (FBU) équivalant de 400.000 dollars sur un taux de 1971 Fbu le dollar».
Soupçonné, depuis belle lurette, de trafic de drogue, corruption aggravée et clientélisme, l'homme d'affaire burundais Prosper Hakizimana, alias Gisiga avait été arrêté et mis au noir en avril dernier, précisément pour son implication dans le commerce des stupéfiants à base de Kétamine et Ephédrine. Réputé très richissime, ce criminel transfrontalier est désormais libre comme le vent.
Cet homme d'affaires controversé qui, comme beaucoup d'autres dans les rangs du parti au pouvoir (CNDD-FDD), surfait sur les vagues de succès du temps de la présidence de feu Pierre Nkurunziza vient de montrer encore une fois qu'il n'y a pas de justice au Burundi.
Quoique provisoire, sa libération donne raison à ceux qui ont toujours dit que les magnans de la contrebande et de l'illicite sont plus forts que l'Etat au Burundi.
Il sied de signaler, d'entrée de jeu, que ce criminel en col blanc « est activement recherché par la justice internationale ». Les autorités burundaises entravent l'action de la justice internationale en négociant avec lui sa relaxe.
Prosper Hakizimana a acheté sa liberté à coups de centaines de milliers de dollars. Selon le ministère public, il lui a été demandé de «payer entre les mains du greffier-comptable la somme de 788.640.000 francs burundais (FBU) équivalant de 400.000 dollars sur un taux de 1971 Fbu le dollar».
C'était trop prévisible, au royaume de la mafia et de l'illicite. Cette libération d'un criminel international rappelle celle de Me Evrard Giswaswa. Alors qu'il est maire de la Ville de Bujumbura, il se retrouve à la prison centrale de Mpimba après l’incendie du marché central de Bujumbura en 2013. Il n’en sortira qu’après avoir mis la main à la poche : une faramineuse caution de 250 millions de Fbu. Il reste lui aussi, libre comme le vent. Rappelons qu'a cette époque, Prosper Hakizimana alias Gisiga qui était gestionnaire de la Villa du Maire avait perdu ce privilège. Les médias locaux parlaient alors de la chasse aux fidèles amis de Jérémie Ngendakumana, alors homme fort du CNDD-FDD.
Mais la justice burundaise se laisse rouler dans la farine en collant à Prosper Hakizimana d'autres conditions assez grotesques pour un tel homme du sérail. Elle lui demande, notamment, de « ne pas entraver l'instruction ou ne pas occasionner de scandale, de ne pas se rendre à l'aéroport, au port ou au delà des frontières de la République du Burundi, de comparaitre devant la justice dès qu'il en sera requis par assignation ou citation ».
Mais nul n'est dupe, pour peu qu'on connaisse le contexte burundais, Prosper Hakizimana qui n'agit que par procuration dans ses magouilles, saura se trouver le chemin le plus discret vers l'étranger.
Au Burundi, les ressorts de la corruption qui entrave le pays campent dans les hautes sphères de l'Etat et le Président Evariste Ndayishimiye le sait mieux que quiconque. Les quelques arrestations ou destitutions relèvent du cosmétique pour impressionner l'opinion, ou tout simplement prendre contrôle des circuits de fonds illicites précédemment contrôlés par feu Pierre Nkurunziza et ses alliés.
Tant que la justice sera aux ordres de l'exécutif, tant que les corrompus renforcent leur citadelle et tiennent les manettes du système, rien ne bougera.