L'exode des jeunes et la fuite des cerveaux au Burundi : Entre Défi et Potentiel

En effet, l'absence de liberté d'expression et les obstacles à la participation au processus politique poussent souvent les individus à envisager l'expatriation comme une mesure de sécurité et de survie.Ce désir de partir est également alimenté par le manque de responsabilisation des dirigeants politiques, l'opacité des procédures gouvernementales, la prévalence de la corruption, l'inefficacité du système judiciaire et l'exclusion des citoyens des prises de décisions.

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Reflexion

La problématique récurrente de l'émigration et de la fuite des cerveaux, en particulier, chez les jeunes, au Burundi, demeure un enjeu complexe qui entrave le développement du pays. De nombreux Burundais, principalement des boursiers, partent à l'étranger pour poursuivre leurs études supérieures, mais ne reviennent pas pour contribuer à l'essor du Burundi.

Cette exode ne se limite pas uniquement aux étudiants ou doctorants boursiers, mais elle s'étend également aux spécialistes de divers domaines qui préfèrent quitter le pays pour poursuivre leurs carrières à l'étranger.

Le choix de quitter son pays découle d'une évaluation complexe des avantages et des inconvénients, incluant des facteurs tels que la rémunération, les conditions de travail et de vie, les opportunités de promotion, les conditions de vie, les liens familiaux et plus encore.

Causes de cet exode

Les causes derrière cette fuite des cerveaux sont diverses et profondes. Outre les défis économiques tels que la corruption généralisée et systématique, la dévaluation de la monnaie et l'inflation, le manque d'infrastructures adéquates, la révolution technologique, le taux de chômage élevé et les salaires inadéquats repoussent de nombreux jeunes diplômés bourrés de talents et d'esprits innovants à chercher des opportunités et des horizons plus stables ailleurs.De plus, l'instabilité sociopolitique constante crée un climat d'incertitude qui pousse de plus en plus de Burundais à envisager un avenir à l'étranger.

En effet, l'absence de liberté d'expression et les obstacles à la participation au processus politique poussent souvent les individus à envisager l'expatriation comme une mesure de sécurité et de survie.Ce désir de partir est également alimenté par le manque de responsabilisation des dirigeants politiques, l'opacité des procédures gouvernementales, la prévalence de la corruption, l'inefficacité du système judiciaire et l'exclusion des citoyens des prises de décisions.Ces facteurs combinés créent un climat où les individus se sentent contraints de rechercher un environnement plus propice à la protection de leurs droits et à la participation citoyenne.

L'aspiration à vivre dans un cadre où la gouvernance est transparente, où les dirigeants sont tenus responsables de leurs actions et où les citoyens ont une voix significative dans les affaires publiques peut les conduire à envisager de quitter leur pays d'origine.

Implication nationale de cet exode

Les conséquences de cette fuite des cerveaux sont profondes et multiples. Elle crée une perte financier et un manque de compétences et de talents (capital humain) essentiels pour stimuler la croissance et l'innovation nationales. Outre le coût financier de leur formation, la perte de compétences et les obstacles à l'accumulation des talents peuvent freiner le développement national.Cela a un impact direct sur des secteurs clés tels que la santé et l'éducation, qui nécessitent des professionnels hautement qualifiés pour fonctionner efficacement.

De plus, la diminution des investissements dans l'éducation et les pertes de recettes fiscales contribuent à entraver les progrès nationaux. Le rêve d'un Burundi émergent d'ici 2040 et développé d'ici 2060 devient de plus en plus compromis et incertain.Cependant, il est important de noter que la fuite des cerveaux n'entraîne pas uniquement des inconvénients. Elle peut également avoir des avantages, notamment en créant des mécanismes appelés de « brain gain » ou tout simplement « attraction des compétences ».

Répercussions positives de la diaspora

Il faut aussi parler des effets retours et de toutes les manières dont les Burundais résidant à l'étranger, appelés « diaspora », contribuent au développement du Burundi, par de la philanthropie, des investissements ou en y transmettant leurs nouvelles compétences, acquises grâce à la migration.En effet, la diaspora burundaise peut agir en tant que «passeurs» ou «intermédiaires» de moyens et potentiels, contribuant ainsi aux transferts de fonds, à la diffusion des connaissances et à l'imitation technologique. Le retour des expatriés peut également apporter un partage de connaissances et d'expériences, favorisant ainsi la croissance. De plus, la création d'entreprises avec l'épargne accumulée à l'étranger peut stimuler l'économie nationale.Cependant, de nombreuses mesures sont nécessaires pour tirer des avantages potentiels de la diaspora.

Comment tirer avantages de la diaspora ?

Comme le disait le philosophe Albert Camus, « le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux. » Pour tirer parti de ces avantages potentiels de sa diaspora, le Burundi doit investir dans des domaines clés, notamment l'énergie, la technologie et l'éducation, en créant des laboratoires de pointe pour encourager l'innovation. Une attention particulière devrait être accordée aux secteurs d'avenir, tels que les nouvelles technologies et l'ingénierie, afin de créer un environnement favorable au développement de compétences recherchées à l'international.

Approche holistique pour la rétention des talents

Il existe plusieurs mesures possibles pour inverser cette tendance préoccupante de fuite de cerveau. Pour ce faire, le gouvernement burundais doit adopter une approche globale pour créer un environnement favorable à la rétention des talents.

Cela pourrait impliquer des Réformes légales et économiques visant à stimuler le secteur privé, à améliorer les conditions de vie et de travail, ainsi qu'à créer des opportunités de carrière attrayantes.

Le rétablissement de la Stabilité Politique est également primordial pour inspirer la confiance et encourager le retour des talents.En effet, la crise politique actuelle constitue un obstacle majeur au développement durable du Burundi. Pour freiner la fuite des cerveaux, il est essentiel aussi de trouver des solutions durables pour résoudre cette crise. Un retour pacifique des réfugiés burundais est un pas crucial pour restaurer la vitalité de la nation. La mise en place d'un climat politique stable et la garantie des libertés individuelles et collectives sont des conditions préalables pour inspirer la confiance et encourager le retour des talents.

Justice, Transparence et Éradication de la Corruption : La confiance dans les institutions publiques est un facteur décisif pour retenir les talents. Une justice indépendante est essentielle pour instaurer un climat de confiance. En outre, l'éradication de la corruption qui entrave la vie économique et sociopolitique du pays est cruciale. La transparence et la lutte rigoureuse contre la corruption sont des mesures essentielles pour créer un environnement favorable à l'investissement et à la contribution des talents locaux.

La mise en place d'un plan stratégique de formation qui répond aux besoins du pays est tout aussi cruciale.En identifiant les domaines clés nécessitant des compétences spécifiques, le Burundi peut orienter l'éducation de manière à combler les lacunes existantes. Cela implique une coopération étroite entre les institutions éducatives, les entreprises et le gouvernement pour assurer une adéquation entre la formation et les besoins du marché.

Conclusion

En fin de compte, comme le souligne l'auteur Thomas L. Friedman, « le monde ne se divise pas en pays en développement et développés. Il se divise en pays qui s'engagent pour le développement, en utilisant toutes les ressources à leur disposition, et en pays qui ne le font pas ». La fuite des cerveaux au Burundi incarne cette dualité, reflétant à la fois les défis complexes auxquels le pays est confronté et le potentiel inestimable de sa diaspora.En adoptant une approche globale, en mettant l'accent sur la stabilité politique, les réformes économiques, la promotion de la redevabilité et de la transparence, l'investissement dans l'éducation stratégique, des garanties de liberté fondamentales, ainsi qu'une lutte acharnée contre la corruption, l'impunité et l'injustice, le Burundi peut non seulement retenir ses talents, mais aussi les canaliser pour un avenir prometteur. Le Burundi a le choix de se forger un destin inspirant, où chaque cerveau compte et contribue à l'ensemble.

Ainsi que le disait si bien Albert Einstein, « là où il y a une volonté, il y a un chemin », l'avenir prometteur et florissant du Burundi repose sur ces efforts communs pour conserver et valoriser ses talents. Par ailleurs, il important de noter que le phénomène de la « fuite des cerveaux » transcende les frontières, touchant aussi bien les pays développés que les autres.

Il est impératif de capitaliser sur ses avantages tout en évaluant rigoureusement les répercussions négatives qu'elle entraîne, afin de façonner des solutions efficaces et durables.

Comme nous l'enseigne l'expérience, la voie vers un avenir prospère réside dans la compréhension profonde des enjeux, la prise de mesures déterminées et l'unité de tous pour bâtir un monde meilleur. Car il est dans l'unité de la nation que réside la clé de l'édification d'un pays fort et prospère.

Photo @ Africa Writes

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Blaise Baconib Nijimbere

Journaliste et cyberactiviste, Blaise est un passionné de la politique, de l’information et des réseaux sociaux. Très suivi sur Twitter et Facebook, Blaise qui écrit souvent sous le nom de Baconib est l' un des blogueurs Burundais les plus populaires.