Pénurie de carburant ou pénurie de devises? : Evariste Ndayishimiye invoque la trahison des hommes d'affaires qui lui mettent les bâtons dans les roues.

Or, l'élite dirigeante essaie démagogiquement d'imputer les nombreuses pénuries de produits stratégiques aux "hommes d'affaires impitoyables".Pourtant, la vraie cause de ces pénuries est bien sûr connue de tous ceux qui ont des yeux pour voir et une bonne mémoire pour se remémorer de la crise politico-sociale de 2015.Pour rappel, un dénommé Pierre Nkurunziza qui représentait un parti politique (CNDD-FDD) dont le secrétaire général n'était autre qu'Evariste Ndayishimiye avait décidé de passer au bulldozer pour briguer un troisième mandat auquel il n'avait pas droit.

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Burundi Daily
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29.6.2023
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Economie

Au moment où les Burundais font face, depuis déjà deux semaines, à la plus grave pénurie de carburant depuis dix mois, le chef de l'Etat incrimine des hommes d'affaires à qui l'Etat donne les moyens qui ne servent qu'une poignée d'amis.

Il y a quelques jours, Evariste Ndayishimiye, interrogé sur la persistance de la crise du carburant au Burundi, avait jeté toute la responsabilité à ces importateurs qui, à ses yeux, sont des «traîtres à la nation ».

« Les causes du manque de carburant sont très complexes. Je me suis rendu compte en effet que travailler avec des hommes d'affaires qui ne sont pas des patriotes, c'est comme travailler avec des traitres.  Tenez, quelqu'un qui va chercher du carburant à Dar-es-Salaam où nous en avons plein dans nos stocks là-bas, reviens au Burundi et décide de fournir uniquement ses proches, et donc entraîne une pénurie dans le pays, est-ce que ce n'est pas un traître ? Je me demande parfois si je ne dois pas tous les rayer de la liste de nos fournisseurs et en chercher d'autres».

Aux yeux de nombreux observateurs, en incriminant les importateurs, le président burundais avoue en même temps son incapacité à maîtriser le secteur pétrolier alors qu'il avait personnellement décidé de prendre cette lancinante question en mains.

Pour rappel, en 2022, au plus fort d'une autre pénurie de l'or noir, le président burundais avait chargé la Regideso, la société publique chargée de la fourniture de l'eau et de l'électricité au Burundi, ainsi qu'à Prestige, une société privée créée pour la circonstance par un actionnariat qui n'a jamais été rendu public (quoique selon certaines indiscrétions sa femme en serait actionnaire), de prendre la relève.

Ndayishimiye allait, du coup, casser le monopole de l'importation des produits pétroliers détenu jusque-là par Interpetrol, une société de droit tanzanien qui contrôlait tout le secteur depuis l'importation jusqu'à la distribution de ces produits, en passant par leur transport et leur entreposage.

Mais voilà que dix mois plus tard, rien n'a changé. Le Burundi est toujours en mode pénurie de carburant.

Manque de devises: Une pénurie qui cause les autres

A vrai dire, selon des économistes, le ressort de cette pénurie quasi structurelle serait une autre pénurie, celle des devises. Le Burundi en manque trop. Ses exportations couvrent moins de 10% de ses importations. Ce déséquilibre suffit à lui seul pour justifier la paralysie générale dont le Burundi est le théâtre aujourd'hui.

Or, l'élite dirigeante essaie démagogiquement d'imputer les nombreuses pénuries de produits stratégiques aux "hommes d'affaires impitoyables".

Pourtant, la vraie cause de ces pénuries est bien sûr connue de tous ceux qui ont des yeux pour voir et une bonne mémoire pour se remémorer de la crise politico-sociale de 2015.

Pour rappel, un dénommé Pierre Nkurunziza qui représentait un parti politique (CNDD-FDD) dont le secrétaire général n'était autre qu'Evariste Ndayishimiye avait décidé de passer au bulldozer pour briguer un troisième mandat auquel il n'avait pas droit (la Cour de justice de l'Afrique de l'Est vient de le confrimer dans sa récente décision contre le Burundi). Commencent alors les pires atteintes aux droits humains depuis l'arrivée au pouvoir du CNDD-FDD en 2005. Ainsi commença toute la misère que nous voyons aujourd'hui. Chercher d'autres excuses est un simple échaptoire, la pire démagogie politique et une irresponsabilité sans nom.

La situation catastrophique dans laquelle se trouve le pays aujourd'hui est une conséquence directe de cette délinquance politique. Tenez, les aides directes au gouvernement se sont taries. Les bailleurs de fonds en ont assez d'une bande de généraux politiques égoïstes qui prennent soin d'eux-mêmes et entretiennent une situation chaotique dans le pays tout en insistant sur le fait que tout va bien.

La souveraineté nationale est leur excuse préférée. Malgré un bilan catastrophique des droits de l'homme, ils s'obstinent à refuser de coopérer de bonne foi avec la commission des droits de l'homme de l'ONU. Ce refus illogique est au fait ce qui ralentit les négociations avec l'UE qui a toujours été le plus gros pourvoyeur d'aides au Burundi.

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Soit cette cabale dirigeante de généraux opte pour continuer de se murer dans cette dictature atroce, soit elle doit choisir de coopérer de bonne foi avec les donneurs d'aides. C'est la solution la plus rapide et la seule viable pour sortir de ce manque criant de devises étrangères, sans lesquelles le Burundi est voué à être un État défaillant et en faillite.

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