Pénurie de carburant : le président burundais salue le courage d'un ministre qui lui évite, in extremis, une colère populaire planifiée
« Il y a des gens parmi mes proches qui avaient planifié une manifestation populaire un samedi, après plusieurs semaines de pénurie de carburant ; ils voulaient mon départ mais Dieu me l'a révélé et leur plan a été déjoué », a déclaré le président burundais le 25 août en pleine séance de prière organisée par son parti, le CNDD-FDD. Selon des observateurs, le président burundais faisait allusion à son premier ministre, Alain Guillaume Bunyoni, comme le principal artisan de sa chute annoncée. Le général Bunyoni se sait aussi dans la ligne de mire du chef de l'Etat.
Le chef de l'Etat burundais, Evariste Ndayishimiye, s'est fendu d'un tweet pour remercier chaleureusement le ministre en charge de l'énergie, Ibrahim Uwizeye, qui, par le biais de la Régie de production et de commercialisation de l'eau et de l'électricité, REGIDESO, a importé des milliers de litres de carburant pour atténuer la pénurie de ce produit, déclarée depuis mars dernier.
Je remercie le ministre chargé de l'énergie qui, par le biais du brave directeur général de la REGIDESO, a su jouer son rôle en important du carburant alors que les pétroliers s'étaient montrés incapables de le faire. Le gouvernement burundais ne fait pas de commerce de carburant, il l'a fait pour alléger les souffrances de la population », a-t-il déclaré lundi sur son compte twitter à son retour de Tunis où il a pris part au Forum économique Japon-Afrique.
Peu avant son départ, il avait craché sa colère face à ceux qui, dans son propre camp, lui mettent les bâtons dans les roues et entretiennent une pénurie systématique et généralisée de tous les produits stratégiques, notamment le carburant, afin que la population en colère descende dans la rue pour réclamer sa chute.
« Il y a des gens parmi mes proches qui avaient planifié une manifestation populaire un samedi, après plusieurs semaines de pénurie de carburant ; ils voulaient mon départ mais Dieu me l'a révélé et leur plan a été déjoué », a déclaré le président burundais le 25 août en pleine séance de prière organisée par son parti, le CNDD-FDD.
Selon des observateurs, le président burundais faisait allusion à son premier ministre, Alain Guillaume Bunyoni, comme le principal artisan de sa chute annoncée. Le général Bunyoni se sait aussi dans la ligne de mire du chef de l'Etat. Lors de sa prédication du 28 août, il a visiblement taclé le chef de l'Etat, sans le nommer.
« Lorsque quelqu'un parle de toi derrière ton dos sans jamais oser te parler en face, mets-toi à genoux et remercie ton Dieu car tu es plus fort que lui », a-t-il déclaré dans une église protestante de Nyabaranda, zone Kanyosha.
Les deux hommes sont donc à couteaux tirés et la situation est explosive. Mais la balance pèse du côté du premier ministre ou de son camp. Car il jouit de l'appui du secrétaire général du parti présidentiel, Révérien Ndikuriyo et des deux présidents des chambres parlementaire (Gélase et Emmanuel). Les deux viennent de donner l'ordre aux autorités administratives, gouverneurs et autres administrateurs communaux, de se soumettre au diktat des responsables locaux du parti CNDD-FDD.
Dans le camp adverse coiffé par le chef de l'Etat, on y trouve le chef d'Etat-major Prime Niyongabo et le chef de cabinet civil Gabriel Nizigama.
Bunyoni et ses appuis s'appuient sur des Imbonerakure que Révérien Ndikuriyo ne cesse d'encadrer militairement. Le chef de l'Etat renforce son camp en se rapprochant des généraux issus de la région ouest comme Silas Ntigurirwa.
Au cœur de cette lutte fratricide en perspective se trouve la volonté du général Bunyoni et ses sbires de réhabiliter la mémoire du défunt président Pierre Nkurunziza en revalorisant des Imbonerakure, en redonnant libre cours à la corruption, aux violations des droits humains et à bien d'autres actions diaboliques.