40 magistrats radiés pour corruption: Impuissant face aux «gros corrompus», Evariste Ndayishimiye s'érige en loi, juge et exécuteur contre les «petit corrompus»
De l'avis de nombreux analystes, Evariste Ndayishimiye, magistrat suprême, aurait fait une opération communication en frappant dans le secteur qu'il avait personnellement désigné du doigt comme l'un des plus corrompus. Mais au même moment, il a violé le droit à la défense en anticipant les sanctions sans aucun jugement. Comme un vrai dictateur militaire, il semble affirmer qu'il est « la loi, juge et exécuteur», bref pas mieux que ceux qu'il vient de punir. En cela, son décret témoigne donc de l'Etat de non-droit qu'est devenu le Burundi.
Après des mois de lamentations et d'invectives à l'endroit des pourvoyeurs de justice jugés corrompus jusqu'à la moelle des os, le chef de l'Etat burundais, Evariste Ndayishimiye a décidé de passer en mode sanction : 40 magistrats dont 15 sont issus des juridictions supérieures et 25 autres des juridictions de base ont été révoqués par décret présidentiel.
Ils passeront aussi par la case prison, pour une durée oscillant entre un et trente ans. Une sorte de justice par décret présidentiel, ce qui est typique des républiques bananières.
Peu avant la signature dudit décret, le chef de l'Etat avait ouvertement accusé les juges de «corruption» et de «mauvaise gestion». Mais il est resté muet sur les accusations précises formulées contre ces magistrats révoqués. Impuissant faces a la corruption massive qui gangrène son gouvernement, le président s'acharne contre la petite corruption.
De l'avis de nombreux analystes, Evariste Ndayishimiye, magistrat suprême, aurait fait une opération communication en frappant dans le secteur qu'il avait personnellement désigné du doigt comme l'un des plus corrompus. Mais au même moment, il a violé le droit à la défense en anticipant les sanctions sans aucun jugement. Comme un vrai dictateur militaire, il semble affirmer qu'il est « la loi, juge et exécuteur», bref pas mieux que ceux qu'il vient de punir.
En cela, son décret témoigne donc de l'Etat de non-droit qu'est devenu le Burundi. Une sorte de jungle où les plus forts font ce qu'ils veulent et ne se conforment à aucune loi.
Son décret de sanction renvoie aussi le « deux poids deux mesures » qui caractérise son management du pays. Pour lui, il y a corrompus et corrompus. Il y en a qui sont attrapés la main dans le sac mais pour qui la main présidentielle est moins lourde. On en voit tous les jours. Juste une révocation, dans le pire des scénarios.
Certains corrompus du régime CNDD-FDD ont marqué l'opinion mais ils n'ont jamais été inquiétés par la taule ou la moindre détention.
Pensez au député Côme Manirakiza. Accusé de s'en faire plein les poches au lieu d'ériger un barrage pour une Nation avec une coquette somme de 54 milliards. Evariste s'en est ému avant d'être sommé de la boucler par on ne sait qui.
Pensez à Christian Kwizera, ancien DG du Ministère des Finances, dont la concubine a été surprise avec un montant inouï de 6 milliards de francs burundais sur son compte personnel avec comme source directe Christian. Il se la coule encore douce, dans le mépris le plus total de ceux qui commençaient à pavoiser.
Penser au premier ministre de son gouvernement qui depuis l'arrivée du CNDD-FDD au pouvoir s'est rapidement fait une fortune qui le place parmi les plus riches de cette pauvre nation.
Pensez au ministre de l'économie qui déclare haut et fort que l'économie du pays se porte mieux que celle des puissances occidentales pendant qu'il se la coule douce dans son gigantesque hôtel sans doute par des fonds de douteuse source.
Les exemples sont légion. Le chef de l'Etat a encore des leçons à apprendre sur le b.a.-ba d'un Etat de droit.