Agathon Rwasa en Tanzanie, un policier qui l'a laissé s'envoler en taule alors que son déplacement est en apparence régulier.

Ce Jeudi, Agathon Rwasa a été officiellement reçu en audience par le vice-président de Zanzibar, Othman Masoud. La nouvelle de son départ en catimini est donc une vraie fausse alerte.En revanche, celle de l'arrestation du policier qui l'a laissé partir est authentique. Et c'est alors là où le bât blesse. Car si le policier l'a laissé s'envoler pour la Tanzanie, c'est qu'il n'était officiellement sous le coup d'aucune condamnation ou poursuite. Qui plus est, Agathon Rwasa est un député en fonction.

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Burundi Daily
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7.7.2023
Categorie:
Politique

Tout finit par se savoir : Agathon Rwasa est en Tanzanie. Son déplacement est en apparence régulier. Car d'une part, ses documents de voyage étaient valides. Il s'est même fait accompagner par l'honorable Simon Bizimungu, secrétaire général du parti CNL ainsi que Aimé Magera, chargé des relations publiques au sein du même parti.

Ce Jeudi, Agathon Rwasa a été officiellement reçu en audience par le vice-président de Zanzibar, Othman Masoud. La nouvelle de son départ en catimini est donc une vraie fausse alerte.

En revanche, celle de l'arrestation du policier qui l'a laissé partir est authentique. Et c'est alors là où le bât blesse. Car si le policier l'a laissé s'envoler pour la Tanzanie, c'est qu'il n'était officiellement sous le coup d'aucune condamnation ou poursuite. Qui plus est, Agathon Rwasa est un député en fonction.

Il a tous les honneurs qui lui reviennent de droit, tant et sin bien que ce n'est pas n'importe quel policier qui pourrait lui barrer la route. Le chemin des droits humains est encore semé d'embûches au Burundi.

Dans tous les cas, son départ  n'aurait pas plus aux autorités burundaises qui, illico, ont coffré Jean Claude Ndayisenga, brigadier des services d'immigration qui l'a laissé passer à travers les mailles du filet.

Cet incident intervient après plusieurs jours de remous au sein de son parti, Congrès national pour la liberté, CNL.

Mais son parti était aussi au bord de l'implosion, après que le ministre chargé de l'intérieur ait décidé de suspendre les activités du parti à l'échelle nationale. Le régime CNDD-FDD y est donc pour beaucoup et chaque fois que son parti, hier FNL ou CNL aujourd'hui était dans l'œil du cyclone CNDD-FDD, Rwasa se barrait pour réapparaître quelques années plus tard.

Pour rappel, en 2010, en plein processus électoral, Agathon Rwasa s'était volatilisé avant de réapparaître quelques années plus tard. En 2013.

A chacune de ses reparutions, Agathon Rwasa a revendiqué son statut d'opposant et son droit à l'exercer.

« L'opposition n'est pas faite pour berner ou pour bercer le pouvoir, elle est faite pour dénoncer les imperfections institutionnelles. Et chaque fois qu'il y a dénonciation, poursuit-il, c'est au pouvoir de prendre des mesures nécessaires pour effectivement corriger les erreurs », a-t-il toujours déclaré. Agathon Rwasa  a mis fin à sa rébellion en 2009 puis a disparu avant les élections de 2010, affirmant que sa vie était en danger.

Son ancien mouvement rebelle, le  FNL  avait refusé de mettre fin aux combats lorsque les autres factions belligérantes ont mis en place un gouvernement d'union, processus qui a abouti à la tenue des élections en 2005.

Le gouvernement burundais n'a pas encore réagi à la nouvelle de décrochage d'Agathon. Mais quoi qu'il en soit, son départ suivi de l'arrestation du policier qui l'a laissé se barrer conforte l'assertion de Fortuné Zongo, Rapporteur spécial de l'ONU sur les droits de l'homme au Burundi. Pas plus tard que jeudi, il avait en effet déclaré devant le Conseil des droits de l'homme à Genève que

« L'espace civique s'était rétréci au Burundi, avec une intolérance et une répression des libertés publiques qui ont pour corollaire l'affaiblissement des partis politiques d'opposition ».

Le diplomate burkinabé a aussi dénoncé « l'autocensure des médias, les arrestations arbitraires d'opposants politiques et des représentants d'organisations de la société civile, ainsi que le maintien d'opposants, de médias et d'organisations de la société civile en exil ».

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