Après Ndayishimiye qui l'avait décorée avec l'Ordre National de la République/Grand Cordon, l'ONU salue la bravoure de son épouse avec le prix de l'ONU pour la population, édition 2023

A l'instar de son prédécesseur, Pierre Nkurunziza, l'actuel chef de l'Etat burundais Evariste Ndayishimiye fait de son épouse Angéline le modèle de modèles national du patriotisme et du travail inégalé. Une version féminine de Stakhanov à la burundaise.

A l'occasion de la commémoration du 61ème anniversaire de l'indépendance du Burundi, le chef de l'Etat a manqué de superlatif pour décrire la First Lady du Burundi qu'il a, tout de même,  couronnée d'une médaille de l'Ordre National de la République/Grand Cordon, avec une enveloppe de  2.000.000 de Francs burundais « pour encourager ses efforts ».

En lui décernant ce titre, Evariste Ndayishimiye l'a appelé, « Inaburundi ». Un titré affublé d'un néologisme inédit dans le lexique rundi. Une façon de faire l’éloge de soi et de la famille presidentielle, de se glorifier à travers sa femme et ainsi pousser à outrance  le culte de personalité qui entoure les dictateurs qui gerents les affaires du pays depuis l’abolition de la monarchie!

Selon des observateurs avisés de la situation politico-sécuritaire qui prévaut au Burundi, Inaburundi pourrait signifier la mère du Burundi ou encore la propriétaire du Burundi. Ndayishimiye n'a pas étayé l'idée qui est derrière cette nouvelle appellation de la Première Dame. Dans tous les cas, aucun autre chef de l'Etat burundais n'avait eu le culot d'appeler son épouse Inaburundi.

Quant à la médaille lui décernée pour ses efforts, notamment dans le domaine de la philanthropie, elle est aussi controversée.

D'abord parce que Angéline Ndayishimiye semble attachée davantage aux étrangers qu'aux Burundais qu'elle est censée servir à l'ombre de son mari de Président. D'ailleurs, ladite médaille lui a été décernée alors qu'elle était absente, car en tournée en Chine. Elle a l'image d'un globe-trotter, toujours entre deux avions malgré la misère qui frappe son pays qui est devenu le pays le plus pauvre du monde.

Ensuite parce qu'en mars dernier, elle a eu la maladresse d'embarquer plus de 25 000 tonnes de riz pour les offrir à la Guinée Equatoriale alors que la famine battait son plein au Burundi. Pas mal de Burundais avaient été surpris par ce don de la honte, curieusement grevé sur un don chinois pour le Burundi, donc pour eux.

Enfin, parce qu'elle affiche une image d'une femme mondaine, qui sans gêne est attirée le luxe et le fric.

Et pour cause. Au cours de cette même année, dans l'une de ses pérégrinations vers l'ailleurs, Angéline Ndayishimiye a choqué plus d'un Burundais en s'affichant sur des photos comme un véritable mannequin, avec des vêtements et survêtements dont la valeur marchande a été estimée à plus de 20.000.000 de BIF.

Ce fut aussi comme une honte. Davantage. Une injure au Burundi, un pays dont plus de 70% vit avec moins d'un dollar par jour selon les données récentes de la Banque Mondiale.

L'ONU entre dans la farce

Comme pour joindre le cirque qui se joue aux dépens des Burundsais, Angéline Ndayishimye, la nouvellement décrétée Inaburundi vient de recevoir, mercredi soir, le prix de l'ONU pour la population, édition 2023.

Naturellement, les Ndayishimiye sont aux anges. . Du coup l'époux se fend d'un tweet de félicitation à l'épouse. « Je félicite très chaleureusement S.E Angéline Ndayishimiye pour le Prix des Nations Unies pour la Population qui vient de lui être décerné à New York, en reconnaissance de son inlassable implication dans l'amélioration des conditions de vie de la population ». « Murakaramba!-longue vie à vous »

Angéline Ndayishimiye se serait fait remarquer dans « l'amélioration des conditions de vie de la population ». Une ironie du sort pour une population qui sombre d’avantage dans une misère abjecte.

Selon l'ONU, Angéline Ndayishimiye est une «infatigable philanthrope et défenseuse des droits des femmes et des filles au Burundi ».

«Parmi les nombreuses causes qu'elle soutient, elle est profondément engagée à défendre l'éducation des jeunes du pays, à lutter contre les causes et les conséquences de la violence sexiste et à soutenir les personnes confrontées à des problèmes de santé stigmatisés et mal desservis, comme la fistule obstétricale », a déclaré UNFPA.

« Elle a développé d'innombrables solutions concrètes à ces défis, y compris la création d'un centre psychiatrique pour soutenir les survivants de la violence et de nombreux projets qui fournissent des informations sur la santé sexuelle et reproductive aux communautés marginalisées à travers la République du Burundi », a ajouté l'agence onusienne.

Avec un PIB par habitant à peine supérieur à 300 dollars en 2023, le Burundi arrive en tête du classement des pays les plus pauvres au monde. C'est de loin le pays le plus pauvre au monde.

Voilà pour le factuel. Aujourd'hui, dans ce contexte de conditions de vie caractérisées par une misère atroce et d’un palmarès peu reluisant sur le plan des droits humains, la planète entière salue les efforts de la première dame du Burundi dans ces deux domaines !

Mais dans le contexte actuel burundais, là où réside le comble du cynisme outrecuidant c'est cette réalité sur terrain que certaines agences de l’ONU décrivent comme alarmante, tandisque d’autres comme l’ UNFPA préfèrent primer ceux qui sont responsables de cette désastreuse situation !

Avec un PIB par habitant à peine équivalent à 300 dollars en 2023, le Burundi arrive en tête du classement des pays les plus pauvres au monde. « C'est de loin le pays le plus pauvre au monde », selon le classement de la Banque mondiale. Et alors. De quelle population parle l'ONU quand elle déclare que la première dame du Burundi s'est mondialement distinguée « dans l'amélioration des conditions de vie de la population » ?.

Du cynisme pur jus.