La véritable numéro deux du régime burundais?: Bien qu'elle n'ait aucune responsabilité institutionnelle, Angeline Ndayishimiye s'impose au sommet de l'Etat

Elle s'active diplomatiquement et engage le Burundi dans des rencontres au plus haut sommet. Pourtant, elle n'a aucune fonction officielle, mis à part le fait qu'elle est mariée à un général devenu chef de l'Etant. La constitution burundaise ne confère aucun pouvoir ni aucune fonction officielle à la première dame. Sur quelles bases assume-t-elle alors des responsabilités officielles traditionnellement réservées aux membres du gouvernement dont elle ne fait pas partie ?

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on
17.9.2024
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Politique

Nous voilà, pour la première fois depuis que le monde est monde, en face d'une inédite confusion de rôles au sommet d'un Etat moderne, le Burundi. On pensait avoir tout vu et entendu en ce qui concerne cette République bananière menée d'une main de fer par le système CNDD-FDD depuis déjà plus de deux décennies.

Ayant déjà affiché à plusieurs reprises un penchant pour les tâches officielles et semblant jouer un rôle très important dans la gestion des affaires de l'État, malgré le fait qu'elle n'occupe aucun rôle officiel, La Première Dame Angeline Ndayishimiye vient de franchir la ligne rouge. Récemment, elle s'est fait passer pour une émissaire de son mari et continue de mener des contacts qui, sous d'autres cieux, reviennent au chef de l'Etat ou son Emissaire, MAE en l'occurrence ou encore le premier ministre.

Angeline Ndayishimiye vient donc d'être très récemment reçue par le président de la Guinée et en est fière comme elle le déclare sur son compte X. « J'ai été honorée d'être reçue en audience, ce 19 août 2024, par le Président de la Guinée Équatoriale, Son Excellence Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. Nous avons eu des échanges enrichissants sur le renforcement des liens d'amitié entre nos deux pays et exploré des nouvelles perspectives de coopération ».

Elle s'active donc diplomatiquement et engage le Burundi dans des rencontres au plus haut sommet. Pourtant, elle n'a aucune fonction officielle, mis à part le fait qu'elle est mariée à un général devenu chef de l'Etant. La constitution burundaise ne confère aucun pouvoir ni aucune fonction officielle à la première dame. Sur quelles bases assume-t-elle alors des responsabilités officielles traditionnellement réservées aux membres du gouvernement dont elle ne fait pas partie ?

Jusqu'ici on disait d'elle qu'elle est trop envahissante, qu'elle regarde de haut les ministres et autres mandataires publics de haut vol, c'est désormais officiel.

Elle gère déjà un portefeuille important qui aurait dû relever du ministère des Affaires étrangères. Par exemple, elle a le droit exclusif de gérer le programme national de cantine scolaire pour les écoles primaires et secondaires dans tout le pays. Elle signe des accords bilatéraux et multilatéraux avec des organisations internationales au nom de son organisation caritative.

Des organisations telles que l'UNICEF et le PNUD, qui coopèrent traditionnellement avec des institutions étatiques, font maintenant la queue pour conclure des accords avec la première dame du Burundi. Même la Banque mondiale est entrée dans la danse des partenaires qui font la queue pour donner des fonds à la première dame.

La toute puissante première dame du Burundi crée tout un tas de conflits d’intérêts; ce qui ne semble pas gêner ces organisations internationales qui préfèrent ignorer cette situation embarrassante et potentiellement illégale. Tenez, les plus grands fournisseurs de biens et de services pour ce programme de cantine scolaire financé par ces organisations ne sont autres que les enfants et d'autres membres de la famille (biologique et politique) présidentielle.

Angeline Ndayishimiye se veut un président bis au Burundi. C'est d'autant plus vrai qu'elle a ouvert un bureau au sein de la présidence pour surveiller les faits et gestes de son mari. Elle a réussi à s'imposer comme la véritable numéro deux du régime après son mari. Elle a fièrement endossé le rôle de « mutama 2 », un poste sacré, jadis réservé à l'ancien homme fort Bunyoni.

Selon des sources proches de la présidence de la République, elle aurait même créé un climat de terreur et de méfiance au sein de la présidence. Tant et si bien qu'elle affiche souvent du mépris ostentatoire envers les ministres, y compris le premier ministre qui, selon les mêmes sources, sont réduits au silence. Le premier ministre, Gervais Ndirakobuca, ainsi que tous les généraux a compris qui commande désormais.

L'homme qui, lorsqu'il était encore en charge du ministère de l'intérieure, se comportait comme un super ministre, intervenant dans tous les ministères comme s'il était le chef de l'Etat a désormais compris à qui il a affaire. Bien qu'il soit chef du gouvernement en tant que premier ministre, il n'est plus que l'ombre de lui-même. Ses actes ne sont plus audacieux et il semble timide dans ses discours. Bref, il n'est premier ministre que de nom.

Le Burundi va-t-il se diriger vers le scénario d'Elena Ceaușescu, d'Imelda Marcos ou de Grace Mugabe ? L'avenir nous le dira.

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