Evariste Ndayishimiye Versus Daniel Gélase Ndabirabe : il y a de l'eau dans le gaz
Alors que le chef de l'Etat burundais s'active pour faire semblant de vouloir tirer le pays de l'isolement légendaire dans lequel l'a confiné le défunt président Pierre Nkurunziza et ses sbires (dont Gélase Ndabirabe et Evariste Ndayishimiye), Gélase Ndabirabe, désormais président de l'Assemblée nationale navigue à contre-courant et milite tout aussi activement pour le « rejet des colons et tous leurs ménestrels payés pour louer et quémander.»
Mieux vaudrait, pour le président burundais, Evariste Ndayishimiye, ne plus jamais compter sur le président de l'Assemblée nationale, Daniel Gélase Ndabirabe. L'air de rien, les deux sont à couteaux tirés.
Alors que le chef de l'Etat burundais s'active pour faire semblant de vouloir tirer le pays de l'isolement légendaire dans lequel l'a confiné le défunt président Pierre Nkurunziza et ses sbires (dont Gélase Ndabirabe et Evariste Ndayishimiye), Gélase Ndabirabe, désormais président de l'Assemblée nationale navigue à contre-courant et milite tout aussi activement pour le « rejet des colons et tous leurs ménestrels payés pour louer et quémander.»
Si on se tient a ses dernières sorties médiatiques et prises de positions sur les questions politiques du pays, le président de l'Assemblée nationale du Burundi nourrirait une fumeuse mais perceptible ambition de briguer le trône présidentiel à la prochaine échéance électorale.
Imbu de lui-même et subjugué par un esprit rebelle qui ne l'a jamais quitté, Daniel Gélase Ndabirabe ne rate aucune occasion de s'opposer aux prises de position, souvent incohérentes, du chef de l'Etat. Ce dernier s'en rend souvent compte et n'hésite pas de recoller les morceaux après les maladresses du président de l'Assemblée Nationale.
Certains faits et gestes de ces deux personnalités l'illustrent à souhait. A titre d'exemple, le 24 mars 2022, Evariste Ndayishimiye a élevé un certain Frédéric François au titre de Notaire en Mairie de Bujumbura (commune Mukaza). Quelques jours plus tôt, Daniel Gélase Ndabirabe avait rayé le désormais Notaire de la liste du personnel de l'Assemblée Nationale.
En visite en province de Kirundo pendant ses récentes sorties qui continuent de détoner et d'étonner, Daniel Gélase Ndabirabe a humilié Dismas Nsavyimana, l’administrateur communal de Busoni et l'a chassé du CNDD-FDD. Ce dernier est un allié d'Anastase Nimubona, actuel commissaire national en charge de l’idéologie au sein du parti au pouvoir. Par cette décision prise sans consultations avec les organes du parti présidentiel, Gélase Ndabirabe vient de montrer qu'il soutient l'autre aile du CNDD-FDD dont Jean Baptiste Nzigamasabo (alias Gihahe) est le porte-étendard.
C'est aussi une façon de projeter sa force et de poser en challenger contre le pouvoir du président à l'intérieur du parti et de lui montrer qu'il n'a pas encore le contrôle total du parti de l'aigle.
De plus, en février dernier, le président de l'Assemblée nationale a refusé de faire adopter par les députés un rapport de la Commission indépendante des droits de l'homme, CNIDH parce que cette commission avait daigné pointer du doigt plusieurs cas avérés de violations des droits humains au Burundi. Au même moment, le chef de l'Etat burundais et son premier ministre avaient déclaré que la CNIDH fait « du bon travail » et collabore parfaitement avec la présidence de la République.
Visiblement, entre les deux institutions ou plus précisément entre les deux hommes, le désaccord est patent. Qui plus est, depuis quelques jours, Daniel Gélase Ndabirabe fait le tour du pays, s'affichant comme dans un cadre de campagne électorale, en profitant des vacances parlementaires. Ses discours aussi comiques que populistes trahissent une ambition d'un homme qui se voit dans un future non lointain comme patron de tout l'appareil étatique.
Dans un de ses récents discours improvisés, alors qu'il était dans le nord du Burundi, il vient d'amuser la galerie en déclarant que le gouverneur de province et le responsable provincial du parti au pouvoir (CNDD-FDD) doivent accorder leurs violons et avoir une vision commune de la situation qui prévaut ou doit prévoir dans le pays. « Même le chef de l'Etat n'a pas le droit de s'intercaler entre les deux », a-t-il martelé à la surprise générale de l'audience.