La révolution dévore ses propres enfants : Vénérand Kazohera dans l’œil du cyclone
Dans la mesure où, au Burundi, le citoyen Lambda est toujours en proie à la faim, la persécution et l’oppression militaro-policière du même régime CNDD-FDD, d’aucuns estiment que cette guéguerre interne n’est qu’une tempête dans un verre d’eau. Mais l’on craint tout de même une revanche des puissants menacés d’être dépossédés des bien mal acquis sous le régime de feu Pierre Nkurunziza.
Est-ce la révolution estampillée «CNDD-FDD» qui dévore ses propres enfants ? Cela y ressemble beaucoup : après Jean Marie Rurimirije, le très puissant et friqué homme d’affaire Vénérand Kazohera, un autre homme d'affaires et une des figures clés du parti au pouvoir, connu aussi pour ses fortes accointances avec le défunt Président Pierre Nkurunziza est dans l’œil du cyclone judiciaire burundais depuis mercredi.
Selon des sources concordantes, il a été interpellé mercredi à l’aube par le fameux Service national des renseignements (SNR), après une fouille-perquisition opérée par la police à son domicile situé dans le quartier huppé de Kiriri, vers l’est de Bujumbura.
Vénérand Kazohera a été interpellé et placé sous interrogatoire, de même que plusieurs autres hommes d’affaires interpellés dans la même matinée, selon des sources bien informées.
Considéré comme un des géants de la finance burundaise, Vénérand Kazohera, a été relâché après plusieurs heures de garde à vue mercredi en début de soirée. Il devra se représenter au SNR pour les suites de l’enquête en cours.
La nouvelle a l’effet d’un véritable pavé dans la mare sociopolitique-économique au Burundi.
Via les réseaux sociaux, les proches et amis de Vénérand Kazohera ont vite crié à la trahison, dénonçant l’aveuglement du nouveau Président de la République, Evariste Ndayishimiye, qui aurait l’intention de briser les chaînes d’une tradition séculaire et instaurer une mode de gestion axée sur la transparence dans la gestion des marchés publics, la lutte acharnée contre la corruption, la concussion.
Certains appellent à un coup d’Etat dans l’immédiat pour renouer avec les règles de gestion initiées par Pierre Nkurunziza, le Guide suprême de tous les temps.
Dans la mesure où, au Burundi, le citoyen Lambda est toujours en proie à la faim, la persécution et l’oppression militaro-policière du même régime CNDD-FDD, d’aucuns estiment que cette guéguerre interne n’est qu’une tempête dans un verre d’eau. Mais l’on craint tout de même une revanche des puissants menacés d’être dépossédés des bien mal acquis sous le régime de feu Pierre Nkurunziza.
Si la véritable intention est d'instaurer l'état de droit et de lutter contre toutes les pratiques de corruption qui ont gangrené les hautes sphères du pouvoir dans ce petit pays pauvre depuis la première République à ce jour, Evariste Ndayishimiye aura le soutien du peuple burundais qui vit dans des conditions misérables pendant que les puissants vivent de manière extravagante.
Cependant, certains membres du parti au pouvoir voient cette flexion musculaire du nouveau président comme un moyen de briser une vieille oligarchie qui avait été construite autour de l'ancien président Pierre Nkurunziza. «Cette bande de prédateurs contrôle et détient le monopole de tous les marchés publics, tous les grands projets, et opérait jusqu'ici dans une sorte de zone de non-droit spécialement créée pour eux», déplore un haut cadre du parti au pouvoir.
Avec tout l'argent amassé sous le règne de Pierre Nkurunziza, ils sont devenus plus puissants que l'État. La colère du nouveau maître de Gitega semble provenir de l'influence démesurée que cette oligarchie exerce sur le parti dont il reste secrétaire général.
S'agit-il alors d'une guéguerre interne pour le contrôle du pouvoir et des deniers publics ou pour imposer la loi au pays de Ntare Rushatsi?