L'affaire Kira Hospital expose une diplomatie maladroite: Le Burundi est-il dans l'incapacité de payer une facture de 600 francs suisses?

Dans son acharnement contre le Dr Christophe Sahabo qui a été arrêté de nuit début avril puis écroué sans jugement, le Service national des renseignements du Burundi qui visait sa tête au propre comme au figuré s'est hâté à enquêter sur la réelle identité de Suissmed International LTD, actionnaire principal à Kira Hospital dont Christophe Sahabo était directeur général.

Confiant en ses services de renseignements qui, localement, ne ratent aucun opposant ciblé, le Chef de l'Etat, Evariste Ndayishimiye a missionné son homme de paille, Innocent Museremu, pour piocher sur le dossier à Genève avec l'appui de l'ambassadeur  Rénovat Tabu, un autre laudateur zélé du régime CNDD-FDD.

Habitué des dédales du milieu suisse pour prester depuis des lustres comme représentant du Burundi auprès de la Mission permanente de l'ONU à Genève, Rénovat Tabu a décroché son téléphone pour appeler Dominique Liardet, une avocate jugée proche de Swissmed International.  

Du refus éhonté de payer les «honoraires» à l'avocat à une brève leçon sur les «usages» liés à ce service en Suisse....pour Rénovat Tabu, ce coup de fil à l'avocat constitue le début d'une intrigue dont il sortira personnellement très diminué avec une dose d'humiliation pour le Burundi qu'il represente.

Selon des échanges épistolaires fuités, Rénovat Tabu et Innocent Alfred Museremu ont demandé et obtenu rendez-vous auprès de l'avocate qui les a reçus en date du 26 avril 2022 soit près d'un mois après l'arrestation du docteur Christophe Sahabo, ancien directeur de Kira Hospital.

Seulement voilà, les émissaires du général Evariste Ndayishimiye n'ont pas payé la facture inhérente à cette consultance. Ce que l'avocate n'a pas manqué de faire remarquer à Rénovat Tabu qui l'avait personnellement appelé.

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« Pour le bon ordre du dossier et pour vous rappeler aimablement les usages en Suisse comme ailleurs en Europe, lorsque quelqu'un s'adresse à un professionnel indépendant et établi et lui demande un rendez-vous professionnel dans ses bureaux ou ailleurs, ii sait déjà a ce moment la qu'il devra payer le temps passe a l'entretien, qu' 'il soit satisfait ou non du résultat. Ce sont les usages », a-t-elle déclaré dans une correspondance à Tabu Rénovat.  

Tabu et Museremu étaient en compagnie de Charles Ndagijimana, président autoproclamé du conseil d'administration de Kira Hospital. L'homme qui semble avoir été missionné par le président Evariste Ndayishimiye pour l'expropriation des investisseurs de leur joyau, Kira Hospital.

« Nous avons passé une heure entière dans mes bureaux à nous entretenir de Swissmed International Ltd et vous m'avez demandé de faire une recherche dans les dossiers de la Société et de vous envoyer le résultat par email, avec copie a M. Charles Ndagijimana », ajoute l'avocate qui ne leur réclame qu'une modique somme de 600 francs suisse selon le tarif réglementaire.

Au final, l'avocat a abandonné la facture, tout en précisant en faire cadeau au diplomate et au pays qu'il représente :

« Je n'entends pas «discuter» une facture de CHF 600, au contraire, c'est avec plaisir que j'en fais cadeau à l'Etat du Burundi, que vous représentez, comme vous semblez d'ailleurs me le demander dans votre email reçu de la Mission permanente ».

Une humiliation pour le pays sans doute, et probablement une pratique habituelle pour l'ambassadeur Tabu qui ne maîtrise visiblement pas les usages du monde des affaires en Suisse ou en Europe.

Pour boucler « En vous priant de ne plus me contacter ni au-sujet de Swissmed International Ltd, ni de tout autre sujet d'ailleurs, veuillez recevoir, Monsieur I' Ambassadeur, mes salutations distinguées ».

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