Le lieutenant-colonel Jacques Nijimbere: Symbole de l'anarchie qui règne au Burundi

Lieutenant-Colonel Jacques Nijimbere, commissaire municipal et commandant du Bureau spécial de recherche (BSR) est responsable d'une cellule de détention provisoire à BSR d'une capacité d'accueil limitée à 46 détenus. Selon la CNIDH, il a réussi à y enfermer 322 hommes et 38 femmes accompagnés d'enfants de moins de 3 ans. Pire encore, plus de 360 âmes partagent une seule toilette bouchée et un seul robinet sec, donc sans d'eau courante.

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Burundi Daily
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13.10.2023
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Politique

Qui gouverne qui au Burundi? Le manque d’autorité au pays est stupéfiant.

Habituellement, dans une dictature monopartite comme celle du Burundi, la question de savoir où se trouve l’autorité n’est jamais posée. Dans ce type de gouvernance, l’autorité est toujours presque concentrée et monopolisée par le chef de l’État.

C'était certainement le cas sous le régime de feu Pierre Nkurunziza. Il contrôlait tout et savait faire taire toute voix discordante, qu'elle soit interne ou externe. Le point culminant de ce contrôle cruel et sans compromis du pouvoir a été l'épuration de toutes les voix opposées qui a eu lieu en 2015 après qu'il ait survécu à un coup d'État qui visait à l'empêcher d'en faire un troisieme - et maintenant jugé illégal par la Cour de justice de l'Afrique de l'Est. - mandat.

Depuis sa mort et l'arrivée d'Evariste Ndayishimiye, une situation inhabituelle mais prévisible s'est développée. Le pouvoir ne semble pas être concentrée entre les mains du successeur de Nkurunziza. Ses longs et fréquents discours dans lesquels il déplore son manque de contrôle sur la majeure partie de l’administration de l’État sont un aveu stupéfiant de sa propre incompétence et impuissance.

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Même s'il semble avoir évité une crise politique de plus en plus profonde en limogeant son Premier ministre Alain Bunyoni et son chef de cabinet, le général Gabriel Nizigama, les signes d'une violente lutte de pouvoir interne demeurent. Des rumeurs de coup d'État continuent de circuler périodiquement.

Cette lutte de pouvoir et cette apparente impuissance de son successeur n’ont rien de surprenant. Car, l’héritage de Nkurunziza en matière de gouvernance clientéliste et répressive signifie que quiconque veut diriger le pays dans cette dictature monopartite doit contrôler les leviers du pouvoir et a de larges possibilités d’enrichissement personnel, d’enrichissement de ses laquais et d’infliger une violence impitoyable contre ses rivaux.

Evariste Ndayishimiye a visiblement du mal à relever ce défi qui déterminera sans doute sa survie au sommet de la chaîne du pouvoir.

Certains, au sein du parti au pouvoir, continuent de défier ouvertement le président.

Révérien Ndikuriyo, qui dirige le parti au pouvoir, est la figure incontestée de l'opposition interne qui semble terrifier Ndayishimiye. Le puissant et apparemment inamovible secrétaire général du parti au pouvoir ne cache pas son mépris pour les discours apparemment bien intentionnés du président qui ne cesse de dénoncer la corruption et la mauvaise administration des affaires publiques.

Ce qui parait étonnant est que ces derniers jours, ce faucon de l'ancienne cabane de rébellion commence à commander des chansons à sa gloire lors de ses pérégrinations dans différentes zones du Burundi. Ce fait est atypique et sidérant. D'autant que c'est le premier chef du parti publiquement chanté et vanté au Burundi depuis la nuit des temps. Même s'il était craint et influent, Hussein Radjabu n'a jamais été chanté en public dans son temps. Il en est de même pour les autres leaders du parti qui historiquement gérait le Burundi sans partage et d'une main de fer, UPRONA.

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Les faits et gestes du chef du parti présidentiel, Révérien Ndikuriyo, cachent mal ses ambitions de le relayer au trône dans pas longtemps. Plus que Ndayishimiye, Révérien se veut proche du peuple. Massivement hutu cela va sans dire. Il est en train de faire le tour de toutes les zones du Burundi pour échanger de vive voix et à portée de main avec le peuple qu'il convoque à toute heure.

Avec son discours va-t'en-guerre. Il appelle ouvertement à la liquidation des opposants. Physique de liquidation. Aux membres de son parti, il a promis de mettre sur liste noire tout membre qui dénoncerait les fonctionnaires corrompus, comme l'a recommandé le président Evariste Ndayishimiye. Il s'agit sans aucun doute d'un défi direct à l'autorité et au leadership du président de la République.

Un cas qui illustre le vide de pouvoir et le chaos qui ont englouti le Burundi.

La Commission nationale indépendante des droits de l'homme, habituellement très timide, vient de dénoncer de manière flagrante un policier qui occupe un poste relativement intermédiaire en cas de violation massive des droits de l'homme. Il s’agit d’une dénonciation officielle rarissime de la part de cette instance souvent muette face aux violations de droits humains.

Lieutenant-Colonel Jacques Nijimbere, commissaire municipal et commandant du Bureau spécial de recherche (BSR) est responsable d'une cellule de détention provisoire à BSR d'une capacité d'accueil limitée à 46 détenus. Selon la CNIDH, il a réussi à y enfermer 322 hommes et 38 femmes accompagnés d'enfants de moins de 3 ans. Pire encore, plus de 360 âmes partagent une seule toilette bouchée et un seul robinet sec, donc sans d'eau courante.

Surfant sur l'épaule de géants, en l'occurrence, le procureur général de la république, les procureurs de Muha et Mukaza, la CNIDH est intervenue pour faire libérer ces pauvres âmes enfermées sans dossier.

Lieutenant-Colonel Jacques Nijimbere Le lieutenant-colonel Jacques Nijimbere aurait opposé un niet catégorique à cette demande de la commission nationale des droits humains. Il a ignoré les directives du procureur général, qui détient la responsabilité ultime pour toutes les poursuites judiciaires dans tout le pays.

Une rare dénonciation par la CNIDH des abus des droits humains au Burundi

Issu d'une police traditionnellement réputée fidèle à Alain-Guillaume Bunyoni, cet officier est un parfait exemple de ce qu'est devenu le pays. Un empire sans loi, où la force l'emporte toujours sur le droit. Aucune règle, aucune loi, aucune norme n’est assez forte face à la force brute des armes.

Tandis qu'Evariste Ndayishimiye continue de se lamenter et de s'apitoyer sur son sort en dénonçant le manque de bons fonctionnaires prêts à l'aider à réparer tous les maux qu'il voit dans le pays, ceux qui sont en quête de contrôle du pouvoir continuent de prouver jour après jour que le Burundi reste une jungle où la seule règle est la force brutale.

Les multiples pôles de pouvoir internes au parti au pouvoir continuent de lutter les uns contre les autres, défiant notamment les ordres du président et ignorant toutes les règles et lois du pays.

Voilà à quoi ressemble le Burundi d'Evariste Ndayishimiye!

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