Pauvreté massive et aggravée au Burundi : Ce n'est que l'indigence qui a changé de camp, estime Evariste Ndayishimiye
« Ceux qui étaient riches alors qu'on était des pauvres, au bas de la société, se disent aujourd'hui malheureux parce que le pauvre d'hier est monté en pleine lumière. Parce qu'ils sont assis aujourd'hui avec les pauvres d'hier, ces riches se disent malheureux » a déclaré le président burundais, Evariste Ndayishimiye.
Alors que les Burundais sont, dans leur large majorité, en proie à une pauvreté indicible suite à l'envolée imparable des prix des produits et services de base, le Chef de l'Etat se réjouit d'avoir intégré le cercle restreint mais enviable des aisés et friqués, a few happy comme disent les « anglicisant ».
D'après le chef de l'Etat burundais, l'indigence a changé de camp. Ceux qui étaient dans l'opulence hier ont cédé la place aux déshérités d'hier qui n'avaient rien à se mettre sous la dent. C'est en substance la teneur de ses propos, le 28 novembre dernier.
« Ceux qui étaient riches alors qu'on était des pauvres, au bas de la société, se disent aujourd'hui malheureux parce que le pauvre d'hier est monté en pleine lumière. Parce qu'ils sont assis aujourd'hui avec les pauvres d'hier, ces riches se disent malheureux » a déclaré le président burundais, Evariste Ndayishimiye.
De tels propos, venus tout droit du chef de l'Etat, donnent le tournis. Car le président de tous les Burundais verse publiquement et officiellement dans la dichotomisation de la société burundaise. Du manichéisme pur jus. Il y a d'un côté les méchants, indûment riches hier ; et les bons de l'autre côté, honteusement pauvres hier mais qui prennent leur revanche sur les premiers.
La messe est dite. Voilà qui est pour le moins écœurant chez le président burundais. Pour lui, il y a d'un côté les pauvres d'hier et de l'autre les riches d'hier. Ceux-là s'enrichissent aux dépens de ceux-ci et justice est faite.
Le Chef de l'Etat justifie et légitime l'aggravation de la pauvreté et la paupérisation d'une partie du Burundais.
Il se trouve, malheureusement, que les pauvres sont de plus en plus nombreux et que les riches, dont fait partie le général Evariste Ndayishimiye et sa famille, sont de moins en moins nombreux. Tout semble donc programmé. La pauvreté ambiante a encore de beaux jours devant
Un tel discours est naturellement dangereux. Certes, il semble codé, mais hyper facile à décrypter. « Les mécontents d'aujourd'hui, ce sont les anciens privilégiés d'hier quand nous étions des va-nu-pieds ! », glose-t-il. Cette logique d'appauvrir les autres de manière programmée est d'une essence diabolique.
Aucun leader normal ne devrait avoir une telle vision ni s'en accommoder. Car demain, les mêmes causes produisant les mêmes effets, les riches d'aujourd'hui pourraient se retrouver indigents demain.
Davantage. Un tel discours clivant est ravageur à la veille des élections car il ramène à la surface le ressentiment ethnique. Et le parti CNDD-FDD qui a déjà prouvé son incapacité à gérer le pays tente de sauver les meubles en apostrophant les hutus, pauvres hier et miraculeusement riches aujourd'hui grâce au CNDD-FDD.
Mais la mayonnaise ne prendra pas. Car la conscience collective, la pauvreté est si généralisée qu'elle touche autant les hutus que les tutsis du Burundi.
C'est ainsi que les uns et les autres rêvent de l'éjection de tout le système CNDD-FDD. Evariste Ndayishimiye ne l'ignore pas : il inspire le dégoût jusque dans son propre camp.