Président, premier ministre, ministre de l'intérieur...le mystère sur le réel détenteur du pouvoir reste encore entier au Burundi
Dans un discours improvisé, adressé le week-end dernier à la population de la commune Gisuru, après les travaux communautaires, le chef de l'Etat a publiquement vilipendé un certain Norbert Rizukundi, conseiller technique chargé du développement en commune de Gisuru. Norbert a donc été coffré samedi à la prison centrale de Ruyigi sur injonction du chef de l'Etat. Mais, curieusement, alors que d'aucuns croyaient que les dés étaient pipés pour lui, il est gaillardement sorti de la prison lundi. Un jour après. Sa libération a suscité de nombreuses interrogations.
La confusion sur le réel centre de décision grandit au fur et à mesure que les nouvelles autorités burundaises prennent leurs marques.
Pour le monde libre, nul doute que le chef d'orchestre est le général Evariste Ndayishimiye, président de la République, élu le 20 mai 2021 et successeur de feu Pierre Nkurunziza. Effectivement, Evariste Ndayishimiye joue le jeu, signe des décrets de nomination à des postes de responsabilité, permute certains à des postes juteux et alléchants selon ses humeurs.
C'est dans cette logique que Pacifique Munyeshongore, premier vice-gouverneur de la Banque centrale, BRB, et Audace Niyonzima, commissaire général de l'Office burundais des recettes, OBR, viennent d'inter-changer leurs postes. C'est bien bon et clair.
Mais dans son for intérieur, le nouveau Président burundais est pertinemment convaincu que son pouvoir décisionnel reste, malgré tout, « poids plume ». Ces coups de gueule sont « sans effet » comme s'en gargarise à coups de tweets, mais dans un autre contexte, l'un de ses communicants fétiches.
Sa dernière sortie à Ruyigi a une fois de plus illustré l'insignifiance du pouvoir décisionnel du président burundais. Le président burundais est revenu sur une récente décision du Ministre de l'intérieur, développement communautaire et sécurité publique, concernant le limogeage de tous les comptables communaux des provinces. Il a appuyé cette décision ministérielle.
Dans un discours improvisé, adressé le week-end dernier à la population de la commune Gisuru, après les travaux communautaires, le chef de l'Etat a publiquement vilipendé un certain Norbert Rizukundi, conseiller technique chargé du développement en commune de Gisuru.
Le chef de l'Etat lui a reproché d'avoir organisé une réunion à l'endroit des nouveaux percepteurs des taxes et impôts en les incitant à ne pas prendre au sérieux ce qu'a dit le ministre chargé du développement. « Norbert est-il ici ? Ce conseiller technique en charge du développement qui s'est arrogé le droit de dénigrer le ministre de l'intérieur, du développement communautaire et de la sécurité publique devant des percepteurs d'impôt et des responsables administratifs en leur disant de ne pas croire ni exécuter les décisions prises par le ministre dans la campagne dénommé « mois témoin ». Je ne veux plus de lui comme conseiller de l'administrateur, il doit être jugé conformément à la loi », a dit Évariste Ndayishimiye.
Norbert a donc été coffré samedi à la prison centrale de Ruyigi sur injonction du chef de l'Etat. Mais, curieusement, alors que d'aucuns croyaient que les dés étaient pipés pour lui, il est gaillardement sorti de la prison lundi. Un jour après. Sa libération a suscité de nombreuses interrogations. Qui a pu le libérer ? La question hante encore l'opinion.