Evariste Ndayishimiye tacle les généraux de son camp, aux velléités putschistes, par la symbolique du lion
Et l'histoire a déjà montré qu'au Burundi, il n'y a pas de fumée sans feu. De la rumeur à la réalité, il n'y a qu'un pas que les putschistes sautent pieds joints. Tenez : en 1993, la chute dramatique du président Ndadaye a été précédée par une rumeur de coup d'Etat relayée jusque dans les hautes sphères de la République. La rumeur démentie, le coup a quand même eu lieu. En juin 2020, une forte rumeur a fait le tour du Burundi au sujet d'un possible décès de Pierre Nkurunziza. Son porte-parole Willy Nyamitwe a démenti via twitter, mais sa mort a été vite officialisée.e
Après deux semaines d'absence, suite à deux visites de travail effectuées coup sur coup à Cuba et New-York, le chef de l'Etat burundais, Evariste Ndayishimiye est rentré au pays ce dimanche, le 24 septembre 2023.
Le général Evariste Ndayishimiye a rejoint son pays alors qu'il est depuis quelques jours en proie à des rumeurs persistantes autour d'un coup d'état qui couve, ourdi par des généraux issus comme lui du CNDD-FDD mais outrés par ses alertes sur la corruption dont ils seraient les principaux artisans.
De telles rumeurs sont devenues tellement assourdissantes que le Ministère en charge de l'intérieur a fini par se fendre d'une annonce sur son compte X (anciennement twitter), pour rassurer l'opinion.
«Au sujet des rumeurs qui circulent ces derniers jours, le ministère de l'intérieur, de la sécurité publique et du développement communautaire rassure la population : il n'y a pas de péril à la demeure, la paix et la sécurité règne sur tout le territoire national. Que personne ne donne crédit à de telles rumeurs qui distraient les gens, il faut écouter seulement les déclarations officielles des autorités », a ainsi annoncé le ministère sans pour autant expliciter l'objet de ces rumeurs.
A son retour, Evariste Ndayishimiye a déclaré qu'il n'a pas besoin de sortir ses griffes pour faire taire ses ennemis, quel que soit leur camp.
«Vous savez que le symbole de la République du Burundi est le lion ; le lion a des dents acérées mais il ne les exhibe pas, il a des griffes mais il ne les sort pas à tort et à travers, il reste serein car il est conscient que la situation est sous contrôle », a-t-il déclaré à son arrivée, lors d'un point de presse à l'aéroport de Bujumbura.
Il a donc rassuré l'opinion. Mais sans dissiper la rumeur sur l'imminence de son éviction. Car selon des observateurs, même si Ndayishimiye menace de sévir tel un lion dans la jungle, il est assis sur un fauteuil éjectable. L'aile dure du régime CNDD-FDD planifie son remplacement par un autre général estampillé CNDD-FDD.
Et l'histoire a déjà montré qu'au Burundi, il n'y a pas de fumée sans feu. De la rumeur à la réalité, il n'y a qu'un pas que les putschistes sautent pieds joints. Tenez : en 1993, la chute dramatique du président Ndadaye a été précédée par une rumeur de coup d'Etat relayée jusque dans les hautes sphères de la République. La rumeur démentie, le coup a quand même eu lieu.
En juin 2020, une forte rumeur a fait le tour du Burundi au sujet d'un possible décès de Pierre Nkurunziza. Son porte-parole Willy Nyamitwe a démenti via son compte twitter, mais sa mort a été vite officialisée via un communiqué du secrétariat général du gouvernement.
Les prochains jours devraient donc trancher au sujet de l'assurance de l'actuel chef de l'Etat par rapport à ce plan allégué autour d'une révolution de palais.
Mais aux yeux des observateurs avisés, le Burundi englué dans la spirale de violences et de violations des droits humains avec ou sans Ndayishimiye, tant que le régime CNDD-FDD en tiendra la manette. Car les généraux détracteurs de Ndayishimiye ne sont pas mus par des intentions de sauver le pays ou de promouvoir les droits humains. Ils veulent protéger leurs intérêts et pérenniser la stratégie d'exclusion et de rétrécissement de l'espace civique chère au président défunt, Pierre Nkurunziza.