Les cadres du CNDD-FDD au dessus de la loi: De retour au Burundi, un fils de l’Ombudsman refuse de se faire confiner comme l'exigent les mesures de mitigation contre la COVID-19
Déjà fiché «République bananière» sur l’échiquier international, le Burundi ne rate aucune occasion de prouver à la ville et au monde que c’est effectivement un pays qui, sous les apparences d'une république, est régi par des intérêts privés. Chaque jour a son lot de faits divers pour le moins rocambolesques qui illustrent à souhait ces exploits peu enviables.
Le dernier incident ahurissant remonte au 25 décembre 2020 lorsqu’un certain Cercy Anelka Nduwimana, fils de l'Ombudsman burundais, après avoir pris un test à la Covid-19 à son arrivée à l’aéroport de Bujumbura s’est insolemment refusé de se laisser confiner pour éviter une contamination de masse comme l’exige le règlement en matière de lutte contre cette pandémie qui obsède le monde entier.
L’arrogance du fils d'Edouard Nduwimana a fait trembler les cadres et agents des différents services aéroportuaires. Ils l’ont fait savoir via un procès-verbal d’évasion qui crée déjà le buzz sur les réseaux sociaux, sans jamais faire sourciller le coupable ni les autorités qui avaient édicté les mesures violées.
« En date du 25 décembre 2020 à 15 heures 34’, le passager Nduwimana Cercy Anelka, fils de l'Ombudsman Nduwimana Edouard, arrivé à l’aéroport avec le vol Ethiopian Airlines, s’est évadé après le test Covid-19 avec la complicité des agents de Protocole de l'Ombudsman », peut-on lire dans le PV circonstanciel, signé par le Commissariat de l’aéroport, OPC1 Salomon Nduwayezu ; Célestin Ndereyimana, Commandant de permanence de l’Aviation civile (AACB), Docteur Nshimirimana Elyse, conseiller au service des urgences et Jérémie Hakizimana, Cadre de l’Office national du tourisme.
« Cette évasion a eu lieu après une longue discussion avec le Personnel des urgences, le personnel de l’Office national du Tourisme, et de l’Aviation civile, AACB, qui tous ont demandé l’autorisation du passager lui accordant l’exemption du confinement pour aller directement à la maison ».
Vu l’entêtement du service de Protocole de Monsieur l’Ombudsman de la République, il y a lieu d’y voir une main nette du Boss.
« Un certain Pascal du Protocole de l’Ombudsman a passé outre tous les conseils et l’a directement fait sortir à l’insu de toutes les équipes en passant par la porte menant à l’arrivée des passagers et l’a conduit à la maison sans aucune autorisation écrite alors que le passager avait une place réservée à l'hôtel Best Outlook ».
Dans une conférence publique organisée le 30 décembre, le président de la République, Evariste Ndayishimiye a condamné énergiquement ceux qui se volatilisent dans la nature après un test positif à la Covid-19 à leur arrivée à l’aéroport de Bujumbura. Il n’a jamais fait allusion à ce passe-droit ravageur.
Dans un monde fondé sur l'état de droit et de responsabilité individuelle, Edouard Nduwimana, devrait expliquer comment il a utilisé son service de protocole (payé par l'argent du contribuable) pour contourner les règles destinées à protéger le public. Cet abus de pouvoir devrait le conduire à démissionner ou à être suspendu pour abus de pouvoir flagrant à des fins illégales.
Malheureusement, on parle ici du Burundi, une jungle où les puissants comme Edouard Nduwimana et ses amis du CNDD-FDD continuent d'édicter des règles et des lois que les autres doivent suivre tout en maintenant l'élite dirigeante au-dessus des mêmes règles et lois.
Ce mépris absolu de l'État de droit a été l'une des caractéristiques destructrices de l'élite dirigeante depuis l'indépendance, caractéristiques qui ont maintenant été institutionnalisées par le CNDD-FDD.
Que l'Ombudsman qui est censé être une autorité étatique irréprochable, une autorité chargée de lutter contre l'injustice et d'agir en tant que médiateur national, se permette d'ignorer les règles et les lois de la république en toute impunité témoigne de la profondeur du fossé d'anarchie dans lequel le Burundi est plongé.