Terrorisme au Burundi: l'horreur d'aujourd'hui force le CNDD-FDD à nommer et à désavouer sa brutalité des années 1990
Ces méthodes brutales et cruelles que le ministère de la sécurité publique qualifie de « terroristes » ressemblent et tristement rappellent aux burundais celles employées par une ancienne rébellion, alors dite tribalo-génocidaire, et menée par les maîtres actuels de Gitega. Les FDD-Intagoheka, la branche armée du CNDD (les deux ont ensuite fusionné pour former l'actuel parti au pouvoir CNDD-FDD) ont utilisé exactement les mêmes méthodes pour terroriser les Burundais dans les années 1990.
Le Burundi reste encore une terre de paradoxes. Les autorités burundaises n'avaient pas encore fini de célébrer la main tendue de l'Union européenne ; et l'épouse de feu Pierre Nkurunziza écrasait encore, toute émue, des larmes aux yeux après avoir empoché un chèque bien épais (300 millions de Fbu) de la part du général Evariste Ndayishimiye, digne successeur de son mari en guise du résultat du fundraising populaire estampillé « Nkurunziza Cup » ; que voilà, comme un cheveu dans la soupe, des « terroristes » ont tonné et tué. Toujours à Muramvya. Commune de Rutegama.
Plusieurs personnes ont en effet été tuées dans la nuit de samedi à dimanche lors d'une attaque armée perpétrée « contre des véhicules » dans la province de Muramvya.
Sonnées par l'ampleur et la surprise du drame, les plus hautes autorités de la République ont intimé au ministère de la sécurité l'ordre de ne pas piper mot. Pas de bilan. Via son compte officiel twitter, le ministère burundais chargé de la sécurité publique s'est ainsi fendu d'un communiqué aussi laconique qu'imprécis.
« Terrorisme avec mort d'hommes et blessés sur des véhicules de transport en commun, hier vers 20 heures (18 heures GMT) à la colline Munanira I (3km du chef-lieu de la commune Rutegama en province Muramvya», a déclaré le ministère dimanche.
«Les enquêtes sont en cours», a ajouté le ministère burundais de la sécurité publique.
Mais comme la nature a horreur du vide, la Croix Rouge du Burundi a tout déballé dimanche après-midi.
Ses chiffres donnent le frisson : deux véhicules (type minibus hiace et voiture Toyota Probox) calcinés, trois blessés graves évacués à l’hôpital de Kibimba, trois blessés graves évacués à l'hôpital Muramvya, deux corps sans vie acheminés vers l'hôpital Kibimba, quinze corps sans vie, dont 13 carbonisés, évacués vers l'hôpital de Muramvya !
Voilà qui cloue le bec à ceux qui vantaient déjà la paix et la sécurité retrouvées au Burundi.
Le CNDD-FDD nomme enfin sa brutalité des années 1990: Terrorisme
Pour rappel, c'est la 3ème attaque armée perpétrée dans le centre-est du Burundi en un peu plus d'un mois.
Dans la nuit du 9 au 10 mai, 13 personnes dont un colonel de l'armée, ont été tuées dans une attaque armée perpétrée contre quatre véhicules dans la même province de Muramvya. Les tueurs avaient employé les mêmes méthodes « terroristes » que ceux qui viennent, encore une fois, d’endeuiller des familles entières.
Ces méthodes brutales et cruelles que le ministère de la sécurité publique qualifie de « terroristes » ressemblent et rappellent tristement aux burundais celles employées par une ancienne rébellion, alors dite tribalo-génocidaire, et menée par les maîtres actuels de Gitega.
Les FDD-Intagoheka, la branche armée du CNDD (les deux ont ensuite fusionné pour former le CNDD-FDD, l'actuel parti au pouvoir) ont utilisé exactement les mêmes méthodes pour terroriser les Burundais dans les années 1990.
Durant les années de rébellion, le CNDD-FDD visait des bus de transport en commun. Ces combattants sélectivement extrayaient des tutsis qu'ils humiliaient, torturaient et mutilaient avant de les tuer par fusillade ou en les brûlant vifs selon l'humeur des opérateurs du jour.
Que les ex-rebelles aujourd'hui au pouvoir au Burundi reconnaissent que ces méthodes qu'ils employaient pour tuer des civils sans défense constituent des actes terroristes, est une avancée significative dans le processus d'identification et de classification des crimes commis dans les années 1990 au Burundi.
Général Ndirakobuca, alias Ndakugarika, un ancien commandant rebelle du CNDD-FDD devenu ministre (actuel) de la sécurité publique a raison : ces actes barbares sont terroristes et doivent être punis comme tels.
Or, s'il a raison sur la classification de ces actes barbares actuels, il doit être conscient qu'il a également raison sur la classification des mêmes actes barbares que son ancienne rébellion commettait sur toutes les routes nationales burundais contre des civils innocents dans les années 1990.